Il est facile de comprendre que quand on est taxé à 42% comme tout travailleur indépendant, il faut générer au moins 1800⏠de CA pour tirer un SMIC.) En province vous imaginez que les organes de presse sont déjà rares. Mais c'était surtout hors de question. La susceptibilité et l'emprise de la rédaction nous l'interdisaient. Non seulement le journal ne nous
Maisil y en a quand mĂȘme une de moi citant Jean Luc Godard citant lui-mĂȘme AndrĂ© Malraux. : " L'art est comme l'incendie, il naĂźt de ce qu'il brĂ»le."Et une autre de Bertrand Lavier : " Rien ne sert de faire table rase, il faut monter sur la table."Et de Bob Dylan :
Ilnâosera peut-ĂȘtre pas assurer quâil le ferait ou quâil ne le ferait pas, mais il accordera sans hĂ©siter que cela lui est possible. Il juge donc quâil peut faire une chose parce quâil a conscience quâil doit (soll) la faire et il reconnaĂźt ainsi en lui la libertĂ© qui, sans la loi morale, lui serait restĂ©e inconnue. » 2
Fast Money. PubliĂ© le 08/03/2016 Ă 1632, Mis Ă jour le 08/03/2016 Ă 1639 DR STEPHANE DE SAKUTIN/AFP VOTRE AVIS - Nous avons interrogĂ© les internautes du Figaro sur les points nĂ©gatifs de la loi Travail. Passera, passera pas? Le projet de loi sur la rĂ©forme du travail est au centre des dĂ©bats. Et pour cause 70% des Français y sont opposĂ©s selon un sondage paru dans Le Parisien-Aujourd'hui en France, notamment Ă cause des articles polĂ©miques sur le plafonnement des indemnitĂ©s pru'dhommales et la dĂ©finition du licenciement Ă©conomique. Si Myriam El Khomri ne dĂ©mord pas, nos internautes, eux, ne sont pas tous convaincus. Nous vous avons prĂ©sentĂ© plus tĂŽt cette semaine ceux qui soutenaient le texte. Voici aujourd'hui ce que leur rĂ©pondent les grincheux. RĂ©former ne veut pas dire tout donner au patronat » Evelyne B est d'accord pour une rĂ©forme. Mais pas n'importe laquelle Le code du travail mĂ©rite sans doute un dĂ©poussiĂ©rage' et des simplifications mais cela ne veut pas dire tout donner au patronat. Les conditions de licenciements sont assouplies et parallĂšlement les indemnitĂ©s prud'hommales sont limitĂ©es. Mais qui vĂ©rifiera que les conditions de licenciements sont rĂ©ellement respectĂ©es? Qui nĂ©gociera le temps de travail jusqu'Ă 46 heures dans les petites et moyennes entreprises? Qui vĂ©rifiera - et comment - que les heures supplĂ©mentaires sont effectuĂ©es sur la base du volontariat?» Un salaire avec des horaires modulables va crĂ©er de l'excĂšs chez les employeurs » Comme elle, Dimitri C, n'est pas contre du changement Les rĂ©formes sont trop extrĂȘmes. Je suis pour libĂ©raliser un peu le travail mais je doute que mettre des plafonds prud'homaux et crĂ©er un licenciement pour cause de difficultĂ©s Ă©conomiques' aident Ă la baisse du chĂŽmage. Et mettre un salaire stable avec des horaires modulables va probablement crĂ©er de l'excĂšs chez les employeurs». Je crains que notre jeunesse s'Ă©xile Ă l'Ă©tranger » GĂ©rard D. ne pense pas que c'est le Code du travail qui doit ĂȘtre modifiĂ© mais plutĂŽt la maniĂšre de penser du patronat qui a toujours cherchĂ© la meilleure maniĂšre de conserver le rapport de force en face des syndicats. Je crains que notre jeunesse dynamique s'Ă©xile Ă l'Ă©tranger pour ĂȘtre mise en valeur dans des pays qui apprĂ©cient notre formation pointue⊠Mes propos s'adressent aux grandes entreprises dont j'ai Ă©tĂ© un salariĂ© pendant trente-cinq ans. Je suis parfaitement conscient que certains syndicats occupent le terrain pour apparaĂźtre efficaces. Je comprends Ă©galement, les TPE et PME dont les dirigeants se demandent si demains leurs carnets de commandes se remplissent normalement. Mais je persiste Ă dire que seul le MEDEF peut influencer nos politiques.» Les heures supplĂ©mentaires? Si c'est pour payer plus d'impĂŽts au bout, ça ne sert Ă rien » Didier B est d'avis que la loi Travail est une nouvelle loi pour les travailleurs du privĂ© Que l'on fasse des heures supplĂ©mentaires, c'est bien de temps Ă autre mais si c'est pour payer plus d'impĂŽts au bout, ça ne sert Ă rien. Ensuite, je ne pense pas que ce soit ainsi que l'on va crĂ©er de l'emploi. Je prĂ©fĂšre que l'on regarde les 35 heures avec un battement jusqu'Ă 48 heures, c'est largement suffisant. Mais personnellement, je prĂ©fĂšre avoir une vie de famille.» OĂč se trouve l'intĂ©rĂȘt du salariĂ©? » Sarah B. juge cette rĂ©forme abĂ©rrante» Quelqu'un peut-il me dire oĂč se trouve l'intĂ©rĂȘt du salariĂ©? Dans la diminution de son salaire peut-ĂȘtre? Ou encore dans l'augmentation de ses heures de travail? Dans un plan social sans difficultĂ©s pour l'entreprise? Et faire travailler les apprentis dĂšs l'Ăąge de 14 ans jusqu'Ă 10 heures par jour alors?» En quoi rallonger la durĂ©e du travail va crĂ©er de l'embauche? » Thierry MJ n'y croit tout simplement pas Quelle diffĂ©rence entre un CDD actuel avec un futur CDI oĂč la facilitĂ© de licenciement sera plus grande? Autant rallonger la durĂ©e de CDD! Ce sera plus honnĂȘte par rapport aux employĂ©s, non? Je ne comprends pas non plus en quoi rallonger les heures de travail va crĂ©er de l'embauche? Cela va surtout diminuer les contrats de CDD!» L'article 6 me dissuade d'embaucher certaines personnes » Quant Ă Edgar, il tique sur un article en particulier. L'article 6 de la loi Travail prĂ©voit en effet la libertĂ© au salariĂ© de pouvoir manifester ses convictions, y compris religieuses, ne peut connaĂźtre de restrictions que si elles sont justifiĂ©es par l'exercice d'autres libertĂ©s de droits fondamentaux ou par les nĂ©cessitĂ©s du bon fonctionnement de l'entreprise et si elles sont proportionnĂ©es au but recherchĂ©.» Ce qui n'a pas l'air de plaire Ă cet internaute, puisqu'il prĂ©voit dĂ©jĂ de ne plus embaucher des employĂ©s qui pourraient [lui] causer des soucis'» et justifie son choix sur le terme de la prudence». On essaie de faire passer cette loi Ă la va-vite » Charabia44 pense que c'est encore une loi que l'on essaie de faire passer Ă la va-vite, sans Ă©tude approfondie au prĂ©alable. Une loi sur laquelle on recule, on tergiverse pour finalement la modifiĂ© de telle sorte qu'elle ne reprĂ©sente plus grand chose.» Enfin, Cassandre29 conclut En plein milieu d'une nĂ©gociation chĂŽmage trĂšs tendue et surtout avec une communication totalement dĂ©faillante, il n'y avait pas pire scĂ©nario pour prĂ©senter ce texte».
Emission Les grandes questionsLe bonheur doit-il ĂȘtre le but de la vie ?Quâest-ce que le bonheur ?Une vie heureuse est-elle une vie de plaisirs ?Le bonheur peut-il ĂȘtre durable ?Bonheur et souffrance ?Le bonheur, une marchandise comme les autres ?Le bonheur collectif existe-t-il ? TĂ©lĂ©chargez le cours Le but de la vie humaine, est-ce le bonheur ? Faut-il dĂ©sirer pour ĂȘtre heureux ? Le dĂ©sir, câest quoi ? Peut-on dĂ©sirer contre soi ? Ne peut-on ĂȘtre heureux quâaux dĂ©pends des autres ? Faut-il ĂȘtre Ă©goĂŻste pour ĂȘtre heureux ? Câest quoi le bonheur ? Rechercher le bonheur est-ce le plus sĂ»r moyen de se rendre malheureux ? Doit-on tout sacrifier au bonheur ? Est-il vrai que les gens heureux nâont pas dâhistoire ? Pour ĂȘtre heureux faut-il ĂȘtre insouciant ? Y-a-t-il une Ă©cole pour apprendre Ă ĂȘtre heureux ? LES GRANDES QUESTIONS Voici une vidĂ©o qui traite du bonheur. Parmi les invitĂ©s, des philosophes AndrĂ© Comte-Sponville, Vincent Cespedes, Frederic Lenoir⊠Le bonheur doit-il ĂȘtre le but de la vie ? ACS Le bonheur câest ce que nous dĂ©sirons / Ce nâest pas un devoir, câest un Pour les Antiques, les rĂšgles qui permettent dâatteindre le bonheur sont Maitrise intĂ©rieure pour les stoĂŻciens, suspension du jugement chez les sceptiques, ataraxie chez les Ă©picuriens⊠PossibilitĂ© de trouver une bonne vie » EudĂ©moniaMais pour les modernes, câest diffĂ©rent les chemins du bonheur sont Ă©clatĂ©s il nây a plus de chemins qui sâimposent. Pas sĂ»r que lâhomme soit fait pour ĂȘtre heureux⊠FL Socrate le bonheur nâest pas le but de la vie. Le but, câest la vie bonne. Donc une vie juste, vertueuse Kant bonheur = idĂ©al de lâimagination/ Morale du devoir plus importante que le Bonheur liĂ© au relationnel. Or aujourdâhui on privatise le bonheur⊠Comment retrouver lâinnocence dans la relation Ă lâautre Pour Kant câest lâidĂ©al de lâimagination et non de la raison voir texteLe bonheur nâest pas La satisfaction de tous les dĂ©sirs ce nâest pas la satiĂ©tĂ©. Dâailleurs on ne dĂ©sire que ce quâon a pas. Si on avait tout, on ne dĂ©sirerait plus rienâŠCe nâest pas une joie constante La fĂ©licitĂ© la joie est un passage, elle ne peut pas ĂȘtre constanteNous avons une expĂ©rience du malheur plus forte que celle du bonheur. Le malheur câest quand on sait que la joie ne viendra pasâŠni tout Ă lâheure, ni plus tard.parce quâon vit qqchse de trĂšs douloureux Le bonheur câest le contraire du malheur câest quand la joie paraĂźt immĂ©diatement ou trĂšs bientĂŽt possible. On est plus ou moins heureux. Et celui qui pense que le bonheur nâexiste pas, câest quâil nâa jamais Ă©tĂ© vraiment ! Le bonheur, câest quand on est pas malheureux. Donc, Soyons heureux de ne pas ĂȘtre malheureux » Arditi Pas dâobligation, dâinjonction du bonheur. Chercher le bonheur câest comme chiner un meuble prĂ©cis dans un marchĂ© aux pucesâŠOn ne le trouvera jamais. Quâest-ce que le bonheur ? H. Matisse, Le Bonheur de vivre Le bonheur nâest pas le plaisir. Le bonheur est le lieu dâune joie possible. Il existe des plaisirs sans joieâŠAlain le bonheur est une rĂ©compense qui vient Ă ceux qui ne lâont pas cherchĂ© »Combattre le malheur est plus utile et peut accessoirement dĂ©boucher sur le bonheur. Personne ne sait exactement ce que câest que le bonheur ; la joie, la justice, le travail en font parti⊠Une vie heureuse est-elle une vie de plaisirs ? Le bonheur est dans le prĂ©, Catherine Musnier Y a-t-il la possibilitĂ© dâun bonheur durable ? FL la rĂ©ponse est oui pour les stoĂŻciens Ăpicure les eux on sera dans la souffrance tant quâon nâacceptera pas le monde comme il est. Et si notre bonheur dĂ©pend des Ă©vĂ©nements extĂ©rieurs y compris des autres on connaĂźtra toujours le malheur. La recherche des stoĂŻciens est donc la recherche dâun bonheur intĂ©rieur. Câest un bonheur qui vient de nous-mĂȘme, qui est en nous. Câest une capacitĂ© de dĂ©tachement/ Accepter la vie comme elle est. Donc dire oui Ă la vie et en mĂȘme temps se dĂ©tacher pour ne pas ĂȘtre dans la frustration. Arditi DĂ©tachement pas souhaitable car ce qui fait mal fait aussi partie du bonheur de vivre. Voir texte Nietzche Vivre câest choisir, choisir câest aussi renoncerâŠCâest comme ça. Aristote, Ethique Ă Nicomaque je ne peux pas ĂȘtre heureux sous la torture ou si lâon torture mes proches..Alors oĂč sâarrĂȘter ? Pour Aristote, il faut sâarreter Ă la CitĂ©. Mais aujourdâhui par les medias notre citĂ© , câest le monde et notre bonheur est assombriâŠDonc il faut accepter un bonheur plus modeste. Comme Montaigne la sagesse câest dâaimer la vie telle quâelle est et non le bonheur. Le bonheur ne peut ĂȘtre absolu et le chercher câest nous empĂȘcher dâatteindre le seul vrai Place tout ton bonheur dans lâinstant » NT Peut-on ĂȘtre heureux quand il y a de la souffrance autour de nous ? Le bonheur nâest-il pas une marchandise comme les autres ? D. Hanson, Supermarket lady Les grandes idĂ©ologies du XX° fascisme, communisme, nazismeon fait des millions de morts . On ne peut pas faire le bonheur des gens contre leur volontĂ©. Hitler promettait 1000 ans de paix et de bonheur la force par la joie » devait apporter le bonheur Ă français sont-ils moins heureux aujourdâhui quâau XX° malgrĂ© les drames du siĂšcle ?FL on nous fait croire aujourdâhui que le bonheur câest dâaccumuler des objetsconsumĂ©risme. Câest lâidĂ©ologie collective de notre Ă©poque ! On fait croire aux gens quâon leur donne du bonheur en leur fournissant des plaisirs. Des sociĂ©tĂ©s moins abondantes » prouvent que le bonheur nâest pas liĂ© quâau matĂ©riel mais quâil faut aussi ĂȘtre reliĂ© aux autres, au monde, au cosmos⊠Pour ACS pas de bonheur collectif . Le bonheur est une affaire devoir de lâĂ©tat câest de combattre le malheur pas dâassurer le câest un Ă©tat Levi Lâendroit au monde oĂč on sâest le moins suicidĂ©, câest Auschwitz ».Notre sociĂ©tĂ© est privilĂ©giĂ©e mais les angoisses de vivre demeurent. On y est confrontĂ© qui fait le bonheur ce nâest pas la richesse. Des Ă©tudes ont montrĂ© que le niveau dâenrichissement +riche aujourdâhui que lâannĂ©e dâavant â Mais ça ne dure pas donc piĂšge car on en aura jamais assez. Et aussi le niveau de richesse Chaque fois que la recherche du bonheur a Ă©tĂ© prise comme idĂ©ologie catastrophe !RĂŽle de lâĂ©tat est de limiter le malheur. Pas autre chose .VC le bonheur câest la qualitĂ© des Il y a des malheurs collectifs/ Pas de bonheur collectif car quand un malheur perso vous touche on ne peut plus partager un bonheur Le bonheur public Jefferson et la dĂ©claration des /Fin de lâesclavage avec Lincoln = bonheur collectif mais lui homme qui connaĂźt malheur individuelConception ancienne de la citĂ©. Mais la question du bonheur individuelLâinjonction au bonheur est insupportable. Nous avons tous le droit de dire et dâĂȘtre malheureux longtemps et souvent dans sa vie⊠Le bonheur collectif existe-t-il ? I. LE DESIR Quâest-ce que le dĂ©sir ? Il paraĂźt difficile de parler du bonheur sans parler au prĂ©alable du dĂ©sir. Mais quâest-ce que le dĂ©sir ? CommunĂ©ment, câest quelque chose que lâon a pas et que lâon veut! Un manque Ă combler, doncâŠEn effet, il est rare que lâon dĂ©sire ce que lâon a dĂ©jĂ . Le dĂ©sir serait donc la recherche dâun objet que lâon imagine ou que lâon sait ĂȘtre source de satisfaction ». Mais chacun sait que tout dĂ©sir satisfait va se fixer sur un autre objetâŠEt ce, indĂ©finiment ! LâAmbition raisonnable Francis MĂ©tivier, le dĂ©sir et le dĂ©sir Philosophe pensĂ©e eut une influence considĂ©rable sur ses contemporains et nombre de penseurs postĂ©rieurs. Issu dâune famille juive portugaise ayant fui lâInquisition, Spinoza devait devenir rabbin. Mais parce quâil remettait en question les dogmes religieux, il fut excommuniĂ©. Son ouvrage principal LâEthique* prĂŽne une libertĂ© joyeuse, libĂ©rĂ©e des illusions et des superstitions car les hommes ne peuvent ĂȘtre heureux et libres que sâils vivent sous la conduite de la raison ». Il se battra toute sa vie contre le fanatisme et les prĂ©jugĂ©s religieux. âJâentends donc ici sous le nom de DĂ©sir tous les efforts, impulsions, appĂ©tits et volitions* de lâhomme ; ils sont variables selon lâĂ©tat variable dâun mĂȘme homme, et souvent opposĂ©s les uns aux autres, au point que lâhomme est entraĂźnĂ© en divers sens et ne sait oĂč se tourner.âSpinoza, Ăthique, troisiĂšme partie, DĂ©finitions des sentiments. Pour Spinoza, dĂ©sirer, ce nâest plus seulement aimer ce qui nous manque, ce qui nâest pas, câest au contraire aimer ce qui existe rĂ©ellement et de maniĂšre effective. Pour lui, si en effet on se condamne Ă nâaimer que ce qui est absent, câest parce quâen rĂ©alitĂ© on est incapable dâapprendre Ă aimer ce qui est, ce qui existe rĂ©ellement. Câest lorsquâon a perdu la capacitĂ© Ă nous rĂ©jouir de ce qui est, ce qui existe, que lâon en vient Ă dĂ©sirer ce qui nâest pas, Ă vivre dans la tension du manque et de lâabsence B. Rousseau et le dĂ©sir Malheur Ă qui nâa plus rien Ă dĂ©sirer ! il perd pour ainsi dire tout ce quâil possĂšde. On jouit moins de ce quâon obtient que de ce quâon espĂšre, et lâon nâest heureux quâavant dâĂȘtre heureux. ⊠Vivre sans peine nâest pas un Ă©tat dâhomme ; vivre ainsi câest ĂȘtre mort. Celui qui pourrait tout sans ĂȘtre Dieu, serait une misĂ©rable crĂ©ature ; il serait privĂ© du plaisir* de dĂ©sirer ; toute autre privation serait plus la Nouvelle HĂ©loĂŻse 1761, Gallimard Le tonneau des DanaĂŻdes Danaos fut contraint de marier ses cinquante filles aux cinquante fils de son frĂšre Aegyptos, mais il ordonna Ă ses filles de poignarder leurs cousins pendant la nuit de noces toutes obĂ©irent sauf Hypermnestre. En punition les DanaĂŻdes furent envoyĂ©es aux Enfers et condamnĂ©es Ă remplir Ă©ternellement dâeau une jarre percĂ©e. Lâexpression dĂ©signe donc lâaccomplissement dâun chĂątiment, dâune peine, dâune tĂąche absurde et sans fin. John Waterhouse, Le Tonneau des DanaĂŻdes, 1903 Les DanaĂŻdes par Watherhouse, 1904 II. LE BONHEUR A. Tentative de dĂ©finition Etymologiquement, bonheur* fait rĂ©fĂ©rence Ă la chance, au hasard. » vient de lâexpression bon eĂŒr ». EĂŒr » est issu du latin augurium qui signifie chance », câest lâappui des dieux. Le bonheur est dĂ©fini comme un Ă©tat durable de satisfaction de tous les dĂ©sirs. Est heureux celui qui ne souffre plus dâaucun manque ou frustration dĂ©sir insatisfait, ni dâaucune angoisse peur quâun dĂ©sir se trouve insatisfait. Voir la doctrine Ă©picurienne du bonheur, selon laquelle le bonheur est un Ă©tat de âplĂ©nitudeâ, oĂč ne subsiste aucun trouble de lâĂąme ni du corps. Mais le bonheur est difficile Ă dĂ©finir dans la mesure oĂč il est une affaire individuelle voici ce quâen dit le philosophe Blaise Pascal Tous les hommes recherchent dâĂȘtre heureux ; cela est sans exception ; quelques diffĂ©rents moyens quâils y emploient, ils tendent tous Ă ce but. Ce qui fait que les uns vont Ă la guerre, et que les autres nây vont pas, est ce mĂȘme dĂ©sir, qui est dans tous les deux, accompagnĂ© de diffĂ©rentes vues. La volontĂ© [ne] fait jamais la moindre dĂ©marche que vers cet objet. Câest le motif de toutes les actions de tous les hommes, jusquâĂ ceux qui vont se pendre » Blaise Pascal, PensĂ©es. B. Lâaspiration de lâhomme, est-ce dâĂȘtre heureux ? Le philosophe Robert Misrahi tente de rĂ©pondre Ă cette dĂ©licate question⊠C. Le bonheur est-il la satisfaction de tous les dĂ©sirs ? Platon philosophe grec nĂ© Ă AthĂšnes 428-427 av. Ă 348-347 av. contemporain de la dĂ©mocratie athĂ©niennePlaton, disciple de Socrate, se dĂ©tourne de sa carriĂšre politique Ă la mort de son maitre. Pour lui, le monde sensible est faux et laid. Seul le monde intelligible, celui des IdĂ©es, mĂ©rite notre attention. Platon dans le Gorgias utilise le dialogue, comme dans la plupart de ses Ćuvres. Dans ce dialogue extrait du Gorgias, Platon fait dialoguer CalliclĂšs et Socrate qui sâopposent sur la conception du bonheur⊠Câest Ă©videmment le point de vue de Socrate que dĂ©fend Platon. CALLICLĂS â si on veut vivre comme il faut, il faut laisser aller ses propres passions, si grandes soient-elles, au lieu de les rĂ©primer. Au contraire, il faut ĂȘtre capable de mettre son courage et son intelligence au service de si grandes passions et de les assouvir, elles et tous les dĂ©sirs qui les accompagnent. Mais cela nâest pas, je suppose, Ă la portĂ©e de tout le monde. Câest pourquoi la masse des gens blĂąme les hommes qui vivent ainsi, gĂȘnĂ©e quâelle est de devoir dissimuler sa propre incapacitĂ© Ă le faire. La masse dĂ©clare donc bien haut que lâintempĂ©rance est une vilaine chose. Câest ainsi quâelle rĂ©duit Ă lâĂ©tat dâesclave les hommes dotĂ©s dâune plus forte nature que celle des hommes de la masse ; et ces derniers, qui sont eux-mĂȘmes incapables de se procurer les plaisirs qui les combleraient, font la louange de la tempĂ©rance et de la justice Ă cause de leur propre lĂąchetĂ©. Car pour ceux qui ont hĂ©ritĂ© du pouvoir ou qui sont dans la capacitĂ© de sâen emparer âŠ, pour ces hommes-lĂ , quâest-ce qui serait plus mauvais que la tempĂ©rance ? ce sont des hommes qui peuvent jouir de leurs biens, sans que personne nây fasse obstacle ⊠La vĂ©ritĂ©, que tu prĂ©tends chercher, Socrate, la voici si la vie facile, lâintempĂ©rance, et la libertĂ© de faire ce quâon veut, demeurent dans lâimpunitĂ©, ils font lâexcellence et le bonheur. Tout le reste, ce ne sont que de belles idĂ©es, des conventions faites par les hommes et contraires Ă la nature, rien que des paroles en lâair, qui ne valent rien. SOCRATEâ Ce nâest pas sans noblesse, CalliclĂšs, que tu as exposĂ© ton point de vue, tu as parlĂ© franchement. Toi, en effet, tu as exposĂ© clairement ce que les autres pensent mais ne veulent pas dire. Je te demande donc de ne cĂ©der Ă rien, en aucun cas ! Comme cela, le genre de vie quâon doit avoir paraĂźtra tout Ă fait Ă©vident. Alors expliques-moi tu dis que, si lâon veut vivre tel quâon est, il ne faut pas rĂ©primer ses passions, aussi grandes soient-telles, mais se tenir prĂȘt Ă les assouvir par tous les moyens. Est-ce bien en cela que consiste [le bonheur et] lâexcellence ? CALLICLĂS- Oui, je lâaffirme ! SOCRATE- On a donc tort de dire que ceux qui nâont besoin de rien sont heureux. CALLICLĂS- Oui, car, Ă ce compte, les pierres et les cadavres seraient trĂšs heureux. SOCRATE -Mais, tout de mĂȘme, la vie dont tu parles, câest une vie terrible ! ⊠Dâailleurs, un sage fait remarquer que, de tous les ĂȘtres qui habitent lâHadĂšs, le monde des morts, -lĂ il veut parler du monde invisible- les plus malheureux seraient ceux qui, nâayant pu ĂȘtre initiĂ©s, devraient Ă lâaide dâune Ă©cumoire apporter de lâeau dans une passoire percĂ©e. Avec cette Ă©cumoire, touÂjours dâaprĂšs ce que disait lâhomme qui mâa racontĂ© tout cela, câest lâĂąme que ce sage voulait dĂ©signer. Oui, il comparait lâĂąme de ces hommes Ă une Ă©cumoire, lâĂąme des ĂȘtres irrĂ©flĂ©chis est donc comme une passoire, incapable de rien retenir Ă cause de son absence de foi et de sa capacitĂ© dâ que je viens de te dire est, sans doute, assez Ă©trange; mais, pourtant, cela montre bien ce que je cherche Ă te faire comprendre. Je veux te convaincre, pour autant que jâen sois capable, de changer dâavis et de choisir, au lieu dâune vie dĂ©rĂ©glĂ©e, que rien ne comble, une vie dâordre, qui est contente de ce quâelle a et qui sâen Gorgias Emmanuel Kant 1724-1804 Philosophe allemand, il pose le devoir comme bien suprĂȘme. Il est le penseur de lâuniversel. DâoĂč sa cĂ©lĂšbre maxime Agis de telle sorte que tu traites lâhumanitĂ© aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre jamais simplement comme un moyen mais toujours en mĂȘme temps comme une fin »,ou encore agis de telle sorte que la maxime de tout action puisse ĂȘtre Ă©rigĂ©e en loi universelle de la nature ». Pour lui, le bonheur nâest donc pas le bien suprĂȘme, tout au plus est-il prĂ©fĂ©rable dâĂȘtre heureux pour mieux accomplir son devoir. â[âŠ] le malheur est que le concept* du bonheur soit un concept tellement indĂ©terminĂ©â que, mĂȘme si tout homme dĂ©sire dâĂȘtre heureux, nul ne peut jamais dire pourtant avec prĂ©cision et en restant cohĂ©rent avec soi-mĂȘme ce que vraiment il souhaite et veut. [âŠ] [âŠ] Sâil veut la richesse, combien de soucis, quelle envie et que dâembĂ»ches ne risque-t-il pas dâattirer ainsi sur sa tĂȘte! Sâil veut beaucoup de connaissances et de discernement, peut-ĂȘtre cela ne pourra-t-il que se transformer en un regard dâautant plus aiguisĂ© pour lui montrer dâune façon seulement dâautant plus effrayante les maux qui jusquâici restent encore dissimulĂ©s Ă ses yeux et qui ne sauraient pourtant ĂȘtre Ă©vitĂ©s, Ă moins que cela ne fasse que charger dâencore plus de besoins ses dĂ©sirs, quâil a dĂ©jĂ bien assez de difficultĂ© Ă satisfaire. Sâil veut une longue vie, qui va lui soutenir que ce ne serait pas lĂ une longue misĂšre ? Sâil veut du moins la santĂ©, combien de fois les ennuis physiques lâont-ils prĂ©servĂ© dâexcĂšs oĂč lâaurait fait tomber une pleine santĂ©, etc. Bref, il est incapable de dĂ©terminer selon un principeâ avec une complĂšte certitude ce qui le rendrait vraiment heureux, â car pour cela lâomniscience serait indispensable. [âŠJ le bonheur est un idĂ©al, non pas de la raison*, mais de lâimaginationâ. Emmanuel KANT, MĂ©taphysique des moeurs, t. I, Fondation 1785 Kant Eclaircissement 1. IdĂ©e indĂ©terminĂ©e du bonheurTous nous souhaitons ĂȘtre heureux MAIS nul ne sait vraiment ce quâil veut. 2. Si dĂ©sir de richesse soucis et embĂ»ches 3. Si dĂ©sir de connaissances risque dâaboutir Ă une acuitĂ© du regard qui rendra la vie plus difficile. Ou Ă connaitre plus de chosesâŠvouloir plus de choses et donc ĂȘtre plus Si dĂ©sire de longue vie il ne peut pas savoir la qualitĂ© de cette vie et ce sera peut ĂȘtre une longue misĂšre »5 Si dĂ©sire la santĂ© risque de ne pas se prĂ©server et donc de tomber bien plus Lâhomme est incapable de dĂ©terminer ce qui le rendrait vraiment heureux parce quâil nâest pas omniscient, quâil ne connait pas toutes les consĂ©quences de ses Le bonheur = idĂ©al de lâimagination mais pas de la raison Donc on cherche sans trouver puisquâon ne sait pas trĂšs bien ce quâon cherche et que le chemin du bonheur peut ĂȘtre semĂ© dâembĂ»ches que nous nâavions pas prĂ©vues.IdĂ©al câest ce vers quoi lâon tend NĂ© Ă Dantzig en 1788, Arthur Schopenhauer a dĂ©jĂ achevĂ© Ă 30 ans son oeuvre majeure Le Monde comme volontĂ© et comme reprĂ©sentation 1818-1819. Son succĂšs sera aussi Ă©clatant que tardif. Il meurt Ă Francfort en 1860, laissant son caniche pour seul hĂ©ritier. J ai reconnu mon bonheur au bruit quâil a fait en partant »⊠Nous ressentons la douleur, mais non lâabsence de douleur ; le souci, mais non lâabsence de souci ; la crainte, mais non la sĂ©curitĂ©. Nous ressentons le dĂ©sir, comme nous ressentons la faim et la soif ; mais aussitĂŽt que le dĂ©sir est rempli, il devient comme les aliments dont la saveur disparaĂźt dĂšs quâon les avale. Nous remarquons douloureusement lâabsence des joies et des plaisirs, et nous les regrettons aussitĂŽt ; au contraire, la disparition de la douleur, alors mĂȘme que nous lâavons ressentie pendant longtemps, nâest pas vĂ©ritablement ressentie ; nous y pensons Ă la rigueur parce que nous dĂ©cidons dây penser âŠ. Seules, en effet, la douleur et la privation peuvent produire une impression active, et par lĂ se dĂ©noncer elles-mĂȘmes. Le bien-ĂȘtre, au contraire, ne se manifeste que par son absence. Aussi nâapprĂ©cions-nous pas les trois plus grands biens de la vie, la santĂ©, la jeunesse et la libertĂ©, tant que nous les possĂ©dons ; pour en comprendre la valeur, il faut que nous les ayons perdus âŠ. Que notre vie Ă©tait heureuse, nous ne nous en apercevons quâau moment oĂč ces jours heureux ont fait place Ă des jours malheureux. »Arthur Schopenhauer, Le monde comme volontĂ© et comme reprĂ©sentation, 1859 âLa satisfaction, le bonheur, comme lâappellent les hommes, nâest au propre et dans son essence* rien que de nĂ©gatif, en elle, rien de positif. Il nây a pas de satisfaction qui dâelle-mĂȘme et comme de son propre mouvement vienne Ă nous ; il faut quâelle soit la satisfaction dâun dĂ©sir. Le dĂ©sir, en effet, la privation, est la condition prĂ©liminaire de toute jouissance. Or avec la satisfaction cesse le dĂ©sir et par consĂ©quent la jouissance aussi. Donc la satisfaction, le contentement ne sauraient ĂȘtre quâune dĂ©livrance Ă lâĂ©gard dâune douleur, dâun besoin ; sous ce nom, il ne faut pas entendre en effet seulement la souffrance effective, visible, mais toute espĂšce de dĂ©sir qui, par son importunitĂ©,trouble notre repos, et mĂȘme cet ennui qui tue, qui nous fait de lâexistence un fardeau. Or câest une entreprise difficile dâobtenir, de conquĂ©rir un bien quelconque ; pas dâobjet qui ne soit sĂ©parĂ© de nous par des difficultĂ©s, des travaux sans fin ; sur la route, Ă chaque pas, surgissentdes obstacles. Et la conquĂȘte une fois faite, lâobjet atteint, quâa-t-on gagnĂ© ? Rien assurĂ©ment, que de sâĂȘtre dĂ©livrĂ© de quelque souffrance, de quelque dĂ©sir, dâĂȘtre revenu Ă lâĂ©tat oĂč lâon se trouvait avant lâapparition de ce dĂ©sir. Le fait immĂ©diat pour nous, câest le besoin tout seul câest-Ă -dire la douleur. Pour la satisfaction et la jouissance, nous ne pouvons les connaĂźtre quâindirectement ; il nous faut faire appel au souvenir de la souffrance, de la privation passĂ©e,quâelles ont chassĂ©es tout dâabord. VoilĂ pourquoi les biens, les avantages qui sont actuellement en notre possession, nous nâen avons pas une vraie conscience, nous ne les apprĂ©cions pas ; il nous semble quâil nâen pouvait ĂȘtre autrement ; et, en effet, tout le bonheur quâils nous donnent, câest dâĂ©carter de nous certaines souffrances. Il faut les perdre pour en sentir le prix ; le manque, la privation, la douleur, voilĂ la chose positive, et qui sans intermĂ©diaire sâoffre Ă Le Monde comme VolontĂ© et comme ReprĂ©sentation Livre IV, §58 Schopenhauer Interview fictive pour le nouvel Obs ! La mĂ©thode Schopenhauer La mĂ©thode Schopenhauer article du nouvel ObsTout le monde nâa pas la chance de pouvoir paisiblement envisager la vie humaine, la sienne en particulier, comme une perturbation inutilement pĂ©nible dans le bienheureux repos du nĂ©ant».Il est trĂšs facile dâĂȘtre extrĂȘmement malheureux au cours dâune vie. Il est tout Ă fait impossible, en revanche, dâĂȘtre trĂšs heureux, soulignait Schopenhauer. MĂȘme le plus favorisĂ© des hommes a nĂ©cessairement des proches quâil verra mourir un jour. Ou un chien, Ă dĂ©faut. Ou une maĂźtresse qui le quitteraâŠ. Nul nâĂ©chappe jamais tout Ă fait Ă lâinfinie douleur que contient chaque parcelle dâun monde aussi diaboliquement agencĂ©. Il est donc puĂ©ril de croire que nous sommes lĂ pour conquĂ©rir le bonheur. Tout au plus peut-on tenter de sâorganiser militairement contre la souffrance. Ou, en langage schopenhauĂ©rien la seule dĂ©finition possible dâune vie heureuse serait une existence qui, aprĂšs mĂ»re et froide rĂ©flexion, pourrait ĂȘtre tenue pour prĂ©fĂ©rable au fait de ne pas avoir existĂ©. Câest peu, on en conviendra. Câest mĂȘme la plus triste figure du bonheur qui se puisse concevoir, diront certains. Câest dĂ©jĂ bien, au dire de SchopenhauerLâinconvĂ©nient dâexisterPour Ă©laborer ce genre de vues rĂ©jouissantes, le gĂ©nie de Francfort sâest beaucoup inspirĂ©, on le sait, de la pensĂ©e bouddhiste, la vraie, non pas celle Ă©dulcorĂ©e par de rĂ©cents disciples savait que lâatteinte du nirvana, cet Ă©tat de quiĂ©tude parfaite visĂ© par la tradition hindoue, exige avant tout lâextinction du dĂ©sir, source perpĂ©tuelle dâespoirs trompĂ©s et de souffrances inexprimables. Il ne serait pas faux non plus dâenvisager ses vues comme une longue mĂ©ditation de lâEcclĂ©siaste Tout est vanitĂ©.» Tant que dure la vie humaine, en effet, la quĂȘte du bonheur se fixe sur certaines images communes, souvent hĂ©ritĂ©es de lâenfance, de vrais lutins qui nous harcĂšlent et qui sitĂŽt atteints sâĂ©vanouissent, ne tenant rien de ce quâils promettaient. Le mieux que lâon puisse souhaiter est donc de parvenir au stade oĂč lâon comprend que toutes les noix sont creuses, aussi dorĂ©es quâelles puissent sembler. Quiconque, sâĂ©tant pĂ©nĂ©trĂ© des enseignements de ma philosophie, sait que toute notre existence est une chose qui devrait plutĂŽt ne pas ĂȘtre, et que la suprĂȘme sagesse consiste Ă la nier et Ă la repousser.»Dans un monde oĂč câest la mĂ©diocritĂ© qui gouverne et la sottise qui parle haut, chacun doit se barricader en soi pour se garder du pire. On nâest pas loin ici de la citadelle intĂ©rieure» prĂ©conisĂ©e par la sagesse stoĂŻcienne. Cette forteresse-lĂ , avertit Schopenhauer, doit avoir les bases les plus Ă©troites possible. Plus on cultive dâaffections diverses, plus on prend dâintĂ©rĂȘt aux affaires extĂ©rieures, plus on sâexpose. Le bonheur passe par lâautosuffisance. Un Ă©tat qui a moins Ă voir avec lâĂ©goĂŻsme bourgeois quâavec le retranchement bienheureux de lâartiste, du penseur, ou de tout grand caractĂšre capable de tirer toute sa joie de son fonds propre. Seul le gisement des jouissances spirituelles est en revanche Ă ceux qui doivent sans relĂąche sâaventurer hors de leurs gonds pour tuer lâennui â soit les cinq sixiĂšmes de lâhumanitĂ© Ă ses dires. Les plaisirs sensuels sont les seuls quâils puissent rĂ©ellement entendre. On en a vu pour qui les huĂźtres et le champagne constituent le summum de lâexistence», note comiquement le misanthrope. Contraints de cultiver toutes sortes de dadas plus ou moins ineptes, les hommes peuvent aussi choisir de se noyer dans le travail, les mondanitĂ©s, les soucis domestiques ou les sous-vĂȘtements fĂ©minins. Seulement voilĂ , dĂšs que lâon sort de soi-mĂȘme, il nây a que des coups Ă prendre et de mauvaises rencontres Ă faire. MĂȘme les rĂ©unions amicales sont Ă limiter, tant elles supposent de lĂąches compromis pour se rendre compatible, ou simplement supportable. Qui nâaime pas la solitude nâaime pas la libertĂ©, car on est libre quâen Ă©tant seul.» RĂ©sumĂ© Pour Schopenhauer, le bonheur est prĂ©cisĂ©ment ce dont nous ne pouvons jamais jouir, parce quâil repose sur un Ă©tat de satisfaction des dĂ©sirs ; or un dĂ©sir satisfait disparaĂźt. Par consĂ©quent, pour Schopenhauer, le bonheur est par dĂ©finition un Ă©tat dans lequel nous ne sommes pas encore câest lâĂ©tat que lâon rĂȘve et dans lequel un dĂ©sir qui se rĂ©vĂšle actuellement Ă nous en tant que manque sera satisfait, ou dans lequel nous ne sommes plus lâĂ©tat que lâon se remĂ©more et dans lequel un dĂ©sir qui est actuellement frustrĂ© se trouvait satisfait.Nous ne prenons conscience dâun dĂ©sir que lorsquâil est frustrĂ©, lorsque son objet manque il va donc de soi que nous sommes incapables de jouir de ceux de nos dĂ©sirs qui sont satisfaits. Nous ne prenons conscience de cette satisfaction que lorsquâelle a cessĂ© nostalgie, ou lorsquâelle nâest pas encore rĂ©alisĂ©e attente.Câest le paradoxe du dĂ©sir Tant que le dĂ©sir est insatisfait, jâen suis conscient, jâen souffre, lâabsence de lâobjet cause un sentiment de frustration. Mais dĂšs quâil est satisfait, le dĂ©sir disparaĂźt. Par consĂ©quent, il ne peut y avoir de plaisir que dans le bref instant oĂč la sensation de manque disparait, ou la frustration est en train de disparaĂźtre ; mais dĂšs que la satisfaction est effectuĂ©e, je ne peux plus jouir de la satisfaction de mes dĂ©sirs, puisque je ne suis mĂȘme plus conscient de dĂ©sirer quelque chose. On pourrait donc dire du dĂ©sir quâil vise un Ă©tat de satisfaction qui, en lui-mĂȘme, ne cause aucun plaisir. Car il ne peut y avoir plaisir que lĂ oĂč il y a dĂ©sir et un dĂ©sir satisfait⊠la logique paradoxale du dĂ©sir dĂ©coule, selon Schopenhauer, que le bonheur est absolument inaccessible Ă lâhomme. Non pas parce que ses dĂ©sirs seraient impossibles Ă satisfaire ; mais parce que lâhomme ne prend conscience de ses dĂ©sirs que lorsquâils ne sont pas satisfaits. Si le bonheur est lâĂ©tat de satisfaction de tous les dĂ©sirs, il est par excellence lâĂ©tat dont on ne se rend pas compte ! Bref le bonheur est par nature ce qui nâest plus, ou pas le paradoxe du dĂ©sir Tant que le dĂ©sir est insatisfait, jâen suis conscient, jâen souffre, lâabsence de lâobjet cause un sentiment de frustration. Mais dĂšs quâil est satisfait, le dĂ©sir disparaĂźt. Par consĂ©quent, il ne peut y avoir de plaisir que dans le bref instant oĂč la sensation de manque disparait, ou la frustration est en train de disparaĂźtre ; mais dĂšs que la satisfaction est effectuĂ©e, je ne peux plus jouir de la satisfaction de mes dĂ©sirs, puisque je ne suis mĂȘme plus conscient de dĂ©sirer quelque chose. On pourrait donc dire du dĂ©sir quâil vise un Ă©tat de satisfaction qui, en lui-mĂȘme, ne cause aucun plaisir. Car il ne peut y avoir plaisir que lĂ oĂč il y a dĂ©sir et un dĂ©sir satisfait⊠disparaĂźt. Sigmund FREUD 1856 â 1939 Sigmund Freud est un mĂ©decin neurologue *juif autrichien, pionnier de la psychanalyse. Avec Aristote et Descartes, lâhomme Ă©tait un ĂȘtre de raison, mais avec ses thĂ©ories sur lâinconscient, Freud montre que lâhomme nâest pas maitre en sa propre maison». Cette dĂ©couverte aura un retentissement dans de nombreux domaines de pensĂ©e. Ce quâon nomme bonheur, au sens le plus strict, rĂ©sulte dâune satisfaction plutĂŽt soudaine des besoins ayant atteint une haute tension, et nâest possible de par sa nature que sous forme de phĂ©nomĂšne Ă©pisodique. Toute persistance dâune situation quâa fait dĂ©sirer le principe de plaisir* nâengendre quâun bien-ĂȘtre assez tiĂšde ; nous sommes ainsi faits que seul le contraste est capable de nous dispenser une jouissance intense, alors que lâĂ©tat en lui-mĂȘme ne nous en procure que trĂšs peu. Ainsi nos facultĂ©s de bonheur sont dĂ©jĂ limitĂ©es par notre constitution. Or, il nous est beaucoup moins difficile de faire lâexpĂ©rience du malheur. La souffrance nous menace de trois cĂŽtĂ©s dans notre propre corps qui, destinĂ© Ă la dĂ©chĂ©ance et Ă la dissolution, ne peut mĂȘme se passer de ces signaux dâalarme que constituent la douleur et lâangoisse ; du cĂŽtĂ© du monde extĂ©rieur, lequel dispose de forces invincibles et inexorables pour sâacharner contre nous et nous anĂ©antir ; la troisiĂšme menace enfin provient de nos rapports avec les autres ĂȘtres humains. La souffrance issue de cette source nous est plus dure peut-ĂȘtre que tout autre ; nous sommes enclins Ă la considĂ©rer comme un accessoire en quelque sorte superflu, bien quâelle nâappartienne pas moins Ă notre sort et soit aussi inĂ©vitable que celle dont lâorigine est FREUD, Le Malaise dans la culture 1930 Lâinconscient freudien Il y a en moi, dit un chapitre censurĂ© de mon histoire ». ce qui revient Ă dire que jâignore une partie de ce qui me fait agir. Pour la psychanalyse, il existe un inconscient* qui influence, Ă notre insu, nos pensĂ©es conscientes et nos actes. Le moi » ne peut alors se comprendre lui-mĂȘme et selon lâexpression de Freud, il le moi nâest pas maĂźtre dans sa propre maison ». Ă partir de 1923, deuxiĂšme topique Freud dĂ©finit trois instances qui rĂ©gissent nos comportements . Le ça »Lâinconscient âCâest la partie la plus obscure, la plus impĂ©nĂ©trable de notre personnalitĂ©. [Lieu de] Chaos, marmite pleine dâĂ©motions bouillonnantes. Il sâemplit dâĂ©nergie, Ă partir des pulsions, mais sans tĂ©moigner dâaucune organisation, dâaucune volontĂ© gĂ©nĂ©rale; il tend seulement Ă satisfaire les besoins pulsionnels, en se conformant au principe de plaisir. Le ça ne connaĂźt et ne supporte pas la contradiction. On y trouve aucun signe dâĂ©coulement du tempsâ S. Freud Il sâagit donc de ce quâon appelle communĂ©ment lâinconscient il ne faut pas confondre avec lâinconscience. Nous ignorons ce qui se passe dans notre inconscient. Câest lâespace du refoulĂ© ». Câest Ă lui que nous devons nos lapsus, nos rĂȘves , nos actes manquĂ©s, nos phobies⊠Freud considĂšre le rĂȘve comme la manifestation de cet inconscient qui nous envoie des informations sous des formes dĂ©guisĂ©es et quâil faut interprĂ©ter. On peut sublimer » ces pulsions venues de lâinconscient notamment par la crĂ©ation artistique. Le Surmoi correspond aux interdits sociaux, parentaux ⊠Aux tabous⊠Bref ! A tout ce qui nâest pas socialement correct en fonction de lâĂ©ducation quâon a reçue et de la sociĂ©tĂ© dans laquelle on vit. Le moi Le moi correspond au conscient. âLe moi a pour mission dâĂȘtre le reprĂ©sentant de ce monde aux yeux du ça et pour le plus grand bien de ce dernier. En effet, le moi, sans le ça, aspirant aveuglĂ©ment aux satisfactions instinctuelles, viendrait imprudemment se briser contre cette force extĂ©rieure plus puissante que lui. Le moi dĂ©trĂŽne le principe de plaisir, qui, dans le ça, domine de la façon la plus absolue. Il lâa remplacĂ© par le principe de rĂ©alitĂ© plus propre Ă assurer sĂ©curitĂ© et rĂ©ussite.â S. FreudLe moi assure la stabilitĂ© du sujet, en lâempĂȘchant au quotidien de libĂ©rer ses pulsions. III. Le bonheur un art de ne pas souffrir ? 1. Horace et le carpe diem Le vrai sens du carpe diem Ne cherche pas â savoir est interdit â pour moi, pour toi, quelle fin les dieux ont ordonnĂ©e, LeuconoĂ©, ni ne te risque aux calculs babyloniens. Mieux vaut prendre les choses comme elles viendront. Que Jupiter tâait accordĂ© de plus nombreux hivers ou que celui-ci soit le dernier, qui Ă©puise Ă lâassaut de ces rochers usĂ©s la merTyrrhĂ©nienne, avec sagesse, filtre ton vin, taille Ă la mesure de lâinstant la durĂ©e de ton espĂ©rance. Nous parlons et voici jaloux le temps a fui. Cueille chaque jour, ne fais pas crĂ©dit Ă demain. Horace, Odes I,1 EPICURE 341 av. JC â 270 av JC A partir de â 310 Epicure commence Ă enseigner sa propre doctrine philosophique, dâabord Ă MytilĂšne puis Ă Lampsaque. Puis il retourne Ă AthĂšnes et fonde son Ecole, le Jardin. Le Jardin, est une enclave retirĂ©e de la citĂ© oĂč il avait installĂ© sa communautĂ© en 306 Epicure lui-mĂȘme professe et pratique un hĂ©donisme* ascĂ©tique*. Sa nourriture se limite Ă un peu de pain et dâeau, tout juste un petit pot de fromage» pour faire bombance». On est loin de lâimage des pourceaux» dâEpicure prĂ©sentĂ©s par les dĂ©tracteurs comme des oisifs aux appĂ©tits gargantuesques ! Dans la Lettre Ă MĂ©nĂ©cĂ©e , Epicure fait du plaisir le souverain bien», Mais, il reconnaĂźt dâemblĂ©e que ce ne sont pas les beuveries continuelles» qui rendent la vie heureuse, ni les plaisirs des dĂ©bauchĂ©s, ni ceux qui consistent dans les jouissances matĂ©rielles». Mais au contraire une raison vigilante qui cherche minutieusement les motifs de ce quâil faut choisir et de ce quâil faut Ă©viter». Pour celui que ses ennemis accusĂšrent de n avoir pas quittĂ© sa litiĂšre par flemme quand il demeurait torturĂ© par une dysenterie, le plus grand plaisir rĂ©side dans lâabsence de troubles de lâĂąme et du corps lâataraxie, cette quiĂ©tude souveraine visĂ©e par toutes les morales antiques. Epicure construit un systĂšme plaçant au-dessus de tout lâart de ne pas souffrir. Ici, il nâest pas question de jugement moral. LâĂ©picurisme ne condamne pas. Chacun est libre de sâautoriser Ă lâoccasion quelques extras. Mais certains plaisirs, on le sait, se paient de beaucoup de chagrins. DĂšs lors, un prĂ©cautionneux calcul des peines et des plaisirs sâimpose. Il y a 4 principales causes du trouble de lâĂąme, la crainte des dieux, la crainte de la mort, la crainte de la douleur, lâexcĂšs les dĂ©sirs illimitĂ©s Mais il existe aussi des remĂšdes, câest le tĂ©trapharmakon Ne pas craindre les dieux, qui vivent dans des mondes sĂ©parĂ©s du nĂŽtre, et ne sâoccupent pas des affaires des hommes. Pour Epicure, il nâexiste que les atomes et le vide. Et tous les ĂȘtres ne sont que des composĂ©s dâatomes. Et câest le hasard qui ordonne le monde et non une finalitĂ© ou une Instance supĂ©rieure. Quant aux dieux, ils sont la plus parfaite combinaison dâatomes. Mais ils sont nĂ©anmoins immortels et bienheureux. Ce qui peut paraitre paradoxal. Ne pas craindre la douleur par notre volontĂ©, on peut la limiter ; si elle est trop forte, on peut lâendurer ou bien on en meurt, mais il faut Ă tout prix tĂącher de lâĂ©viter. Ne pas vivre dans lâexcĂšs le bonheur terrestre est possible ; les sens permettent de lâatteindre mais lâexcĂšs devient un mal. Il faut donc vivre dans la simplicitĂ©, dans la tempĂ©rance câest lâadage Nihil nimis » rien de trop Il faut donc nous libĂ©rer des innombrables faux besoins. Tout dĂ©sir nâest pas Ă satisfaire. Pour le sage du Jardin, ils sont de trois sortes Pourquoi ne faut-il pas redouter la mort ?Pour Ăpicure, la mort nâest rien puisquâil ne peut y avoir quelque chose que si nous pouvons ĂȘtre conscients de ce quelque chose. En avoir la sensation. Et puisque le monde est fait dâatomes et que la mort câest la dĂ©sunion des atomes qui se dispersent, il nâest alors plus de conscience. La mort nâest rien puisquâil nây a plus rien pour saisir quelque chose ! Il est donc inutile de craindre la mort. Et il faut se concentrer sur le prĂ©sent de la vie. Il faut se rendre compte que parmi nos dĂ©sirs les uns sont naturels, les autres vains, et que parmi les premiers il y en a qui sont nĂ©cessaires et dâautres qui sont naturels, seulement. Parmi les nĂ©cessaires il y en a qui le sont pour le bonheur, dâautres pour la tranquillitĂ© continue du corps, dâautres enfin pour la vie mĂȘme. Une thĂ©orie non erronĂ©e de ces dĂ©sirs sait en effet rapporter toute prĂ©fĂ©rence et toute aversion Ă la santĂ© du corps et Ă la tranquillitĂ© de lâĂąme, puisque câest la perfection mĂȘme de la vie heureuse. Car tous les actes visent Ă Ă©carter de nous la souffrance et la peur. Lorsquâune fois nous y sommes parvenus, la tempĂȘte de lâĂąme sâapaise, lâĂȘtre vivant nâayant plus besoin de sâacheminer vers quelque chose qui lui manque, ni de chercher autre chose pour parfaire le bien de lâĂąme et celui du corps. Câest alors en effet que nous Ă©prouvons le besoin du plaisir quand, par suite de son absence, nous Ă©prouvons de la douleur ; mais quand nous ne souffrons pas, nous nâĂ©prouvons plus le besoin du plaisir. Et câest pourquoi nous disons que le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse. Câest lui en effet que nous avons reconnu comme bien principal et conforme Ă notre nature, câest de lui que nous partons pour dĂ©terminer ce quâil faut choisir et ce quâil faut Ă©viter, et câest Ă lui que nous avons finalement recours lorsque nous nous servons de la sensation comme dâune rĂšgle pour apprĂ©cier tout bien qui sâoffre. Epicure, Lettre Ă MĂ©nĂ©cĂ©e Prends lâhabitude de penser que la mort nâest rien pour nous. Car tout bien et tout mal rĂ©sident dans la sensation or la mort est privation de toute sensibilitĂ©. Par consĂ©quent, la connaissance de cette vĂ©ritĂ© que la mort nâest rien pour nous, nous rend capables de jouir de cette vie mortelle, non pas en y ajoutant la perspective dâune durĂ©e infinie, mais en nous enlevant le dĂ©sir de lâimmortalitĂ©.⊠Ainsi celui de tous les maux qui nous donne le plus dâhorreur, la mort, nâest rien pour nous, puisque, tant que nous existons nous-mĂȘmes, la mort nâest pas, et que, quand la mort existe, nous ne sommes plus. Donc la mort nâexiste ni pour les vivants ni pour les morts, puisquâelle nâa rien Ă faire avec les premiers, et que les seconds ne sont plus. Mais la multitude tantĂŽt fuit la mort comme le pire des maux, tantĂŽt lâappelle comme le terme des maux de la vie. Le sage, au contraire, ne fait pas fi de la vie et il nâa pas peur non plus de ne plus vivre car la vie ne lui est pas Ă charge, et il nâestime pas non plus quâil y ait le moindre mal Ă ne plus vivre. De mĂȘme que ce nâest pas toujours la nourriture la plus abondante que nous prĂ©fĂ©rons, mais parfois la plus agrĂ©able, pareillement ce nâest pas toujours la plus longue durĂ©e quâon vent recueillir, mais la plus agrĂ©able. Quant Ă ceux qui conseillent aux jeunes gens de bien vivre et aux vieillards de bien finir, leur conseil est dĂ©pourvu de sens, non seulement parce que la vie a du bon mĂȘme pour le vieillard, mais parce que le soin de bien vivre et celui de bien mourir ne font quâun. Emission sur Epicure et lâĂ©picurisme⊠Une vie de nouba perpĂ©tuelle contre une existence de fakir masochiste⊠VoilĂ , Ă peu de choses prĂšs, la caricature qui colle Ă la peau des deux plus grandes Ă©coles rivales de la pensĂ©e grecque, apparues Ă AthĂšnesâŠ. Epicurisme contre stoĂŻcisme, philosophie du plaisir contre philosophie de la vertu. partant de principes si opposĂ©s, le sage Ă©picurien ne menait pas une vie si Ă©loignĂ©e de celle de lâaustĂšre stoĂŻcien. source Nouvel Observateur StoĂŻcien philosophes du Portique, le stoa Pour les stoĂŻciens, le sage est celui qui met en conformitĂ© ses actions avec lâordre de la nature. Le stoĂŻcisme vise lui aussi lâataraxie mais par la vertu et la raison. A partir de â 310 Epicure commence Ă enseigner sa propre doctrine philosophique, dâabord Ă MytilĂšne puis Ă Lampsaque. Puis il retourne Ă AthĂšnes et fonde son Ecole, le Jardin. Au Jardin, cette enclave retirĂ©e de la citĂ© oĂč il avait installĂ© sa communautĂ© en 306 avant JĂ©sus-Christ, Epicure lui-mĂȘme professe et pratique un hĂ©donisme[1] ascĂ©tique. Sa nourriture se limite Ă un peu de pain et dâeau, tout juste un petit pot de fromage» pour faire bombance». Et quand il ne se consacre pas Ă ses cours, il Ă©crit. On est loin de lâimage des pourceaux» bĂąfreurs et oisifs dĂ©crits par les dĂ©tracteurs du mouvement. Alors quâen est- il du bonheur divin promis par le maĂźtre du plaisir? Une publicitĂ© mensongĂšre? Quand, dans la Lettre Ă MĂ©nĂ©cĂ©e», Epicure fait du plaisir le souverain bien», il reconnaĂźt dâemblĂ©e que ce ne sont pas les beuveries continuelles» qui rendent la vie heureuse, ni les plaisirs des dĂ©bauchĂ©s, ni ceux qui consistent dans les jouissances matĂ©rielles». Mais au contraire une raison vigilante qui cherche minutieusement les motifs de ce quâil faut choisir et de ce quâil faut Ă©viter». Pour celui que ses ennemis accusĂšrent de n avoir pas quittĂ© sa litiĂšre par flemme quand il demeurait torturĂ© par une dysenterie, le plus grand plaisir rĂ©side dans lâabsence de troubles de lâĂąme et du corps lâataraxie, cette quiĂ©tude souveraine visĂ©e par toutes les morales antiques. Il y a ce qui dĂ©pend de nous, il y a ce qui ne dĂ©pend pas de nous. DĂ©pendent de nous lâopinion, la tendance, le dĂ©sir, lâaversion, en un mot toutes nos oeuvres propres ; ne dĂ©pendent pas de nous le corps, la richesse, les tĂ©moignages de considĂ©ration, les hautes charges, en un mot toutes les choses qui ne sont pas nos oeuvres propres. Les choses qui dĂ©pendent de nous sont naturellement libres, sans empĂȘchement, sans entrave ; celles qui ne dĂ©pendent pas de nous sont fragiles, serves*, facilement empĂȘchĂ©es, propres Ă autrui. Rappelle-toi donc ceci si tu prends pour libres les choses naturellement serves, pour propres Ă toi-mĂȘme les choses propres Ă autrui, tu connaĂźtras lâentrave, lâaffliction, le trouble, tu accuseras dieux et hommes ;mais si tu prends pour tien seulement ce qui est tien, pour propre Ă autrui ce qui est, de fait, propre Ă autrui, personne ne te contraindra jamais ni ne tâempĂȘchera, tu nâadresseras Ă personne accusation ni reproche, ni ne feras absolument rien contre ton grĂ©, personne ne te nuira ; tu nâauras pas dâennemi ; car tu ne souffriras aucun dommage. Toi donc qui poursuis de si grands biens, rappelle-toi quâil faut, pour les saisir, te remuer sans compter, renoncer complĂštement Ă certaines choses, et en diffĂ©rer dâautres pour le moment. Si, Ă ces biens, tu veux joindre la puissance et la richesse, tu risques dâabord de manquer mĂȘme celles-ci, pour avoir poursuivi ceux-lĂ , et de toute façon tu manqueras assurĂ©ment les biens qui seuls procurent libertĂ© et bonheur. Aussi, Ă propos de toute idĂ©e pĂ©nible, prends soin de dire aussitĂŽt Tu es une idĂ©e, et non pas exactement ce que tu reprĂ©sentes. » Ensuite, examine-la, Ă©prouve-la, examine-la selon les rĂšgles que tu possĂšdes, et surtout selon la premiĂšre, Ă savoir concerne-t-elle les choses qui dĂ©pendent de nous ou celles qui ne dĂ©pendent pas de nous ? Et si elle concerne lâune des choses qui ne dĂ©pendent pas de nous, que la rĂ©ponse soit prĂȘte VoilĂ qui nâest rien pour moi. »ĂpictĂšte, Manuel I Article sur stoĂŻcisme PresqueâŠtout savoir sur le stoĂŻcisme grĂące Ă Roger Paul Roux⊠Heureux dans le pire. Etonnants stoĂŻciens. Roger Pol Roux- Article le Point 05/08/2010Selon eux, rien nâentame le bonheur du sage. Maladie, pauvretĂ©, exil, prison⊠pas un malheur ne lâaffecte. Mais de quel bonheur sâagit-il au juste ? Et quelle leçon en tirer aujourdâhui ? Le taureau de Phalaris. Un tyran, un supplice et un paradoxe ouvrent le chemin. Le tyran se nomme Phalaris. Il rĂšgne par la terreur et lâassassinat, comme il se doit, et passe pour singuliĂšrement dĂ©pravĂ©- on lui attribue une attirance pour le cannibalisme. Cette rĂ©putation fait que, dans lâAntiquitĂ©, le nom de cet homme, qui rĂ©gna sur Agrigente au VIe siĂšcle avant notre Ăšre, devint synonyme de cruautĂ© plaire Ă Phalaris, un sculpteur eut une idĂ©e de supplice artistique. Il fabriqua un vaste taureau dâairain, aux naseaux garnis de flĂ»tes. Quand le tyran voudra se dĂ©barrasser dâun adversaire, il suffira dâintroduire ce malheureux dans le taureau et dâallumer le feu sous la statue. Le gĂȘneur meurt atrocement mais, en hurlant, fait rĂ©sonner harmonieusement les flĂ»tes. Pour les Anciens, le taureau de Phalaris a symbolisĂ© lâhorreur absolue souffrance sans Ă©chappatoire, mort honteuse dans lâobscuritĂ© et les suffocations, sous les rires dâun maĂźtre sanguinaire. Pourtant, voilĂ quâon nous dit que, mĂȘme dans cette situation de malheur extrĂȘme, le sage stoĂŻcien serait heureux ! Bon nombre de textes grecs et latins jusquâĂ CicĂ©ron reprennent en effet cette affirmation difficile Ă croire pour lâhomme occidental contemporain. VoilĂ donc le paradoxe Ă examiner Dans lâagonie la plus effroyable et la plus injuste, comment demeurer inaltĂ©rablement serein et souverainement heureux ? MĂȘme en faisant sa part Ă lâexagĂ©ration, il faut interroger cet exemple. Etre heureux quoi quâil advienne, est-ce concevable ? Par quels moyens ? Quel genre de bonheur est-ce lĂ ? A ces questions, les stoĂŻciens ont rĂ©pondu, en paroles et en actes, cinq siĂšcles durant. Ce qui dĂ©pend de nous et ce qui nâen dĂ©pend pas. En effet, câest vers 300 avant notre Ăšre que ZĂ©non de Citium commence Ă enseigner cette doctrine nouvelle. Il rĂ©unit ses premiers disciples, sur lâagora dâAthĂšnes, sous le Portique peint ou Poecile Stoa PoikilĂš â le nom va leur rester les gens du Portique, stoikoĂŻ, les stoĂŻciens. PhĂ©nicien dâorigine, ZĂ©non est arrivĂ© jeune dans la capitale de la philosophie. Sa cargaison de pourpre sâĂ©tant abĂźmĂ©e en mer, il est ruinĂ© mais sâintĂ©resse Ă la sagesse. Aucun des cours quâil suit ne le satisfait . Câest pourquoi il finit par fonder sa propre Ă©cole, destinĂ©e Ă changer de vie plutĂŽt quâĂ discourir. Le succĂšs du stoĂŻcisme commence Il enseigne la faim et trouve des disciples â, souligne une comĂ©die de lâĂ©poque. Quelques siĂšcles plus tard, quand lâempereur Marc AurĂšle meurt sur les bords du Danube, en 180 de notre Ăšre, le stoĂŻcisme est une doctrine au faĂźte de sa gloire. Elle rassemble les meilleurs esprits de Rome, influence dâinnombrables Ćuvres. ⊠La maniĂšre la plus simple dââaborder la morale stoĂŻcienne est fournie par EpictĂšte. Ancien esclave, cet homme austĂšre enseigne, vers le dĂ©but du IIe siĂšcle de notre Ăšre, les moyens dâatteindre le bonheur dans un monde hostile. Leçons stoĂŻciennes Leçon 1 discerner clairement entre les faits et nos reprĂ©sentations. Lâessentiel ne se joue pas dans les circonstances, mais dans ce que nous en pensons. Jâai un accident, je suis blessĂ©, il mâen restera des sĂ©quelles â voilĂ des faits, je nây peux rien. En revanche, vivre cette Ă©preuve comme une catastrophe dĂ©primante ou comme un dĂ©fi stimulant, pour EpictĂšte, cela ne dĂ©pend que de moi. RĂšgle dâor de ce stoĂŻcisme distinguer entre ce qui dĂ©pend de nous et ce qui nâen dĂ©pend pas. Notre volontĂ©, nos pensĂ©es, nos reprĂ©sentations et nos jugements sont en notre pouvoir. Pourquoi ? Parce que nous sommes, par nature, des ĂȘtres douĂ©s de raison la raison en nous commande si rien ne lâentrave. Nous sommes donc radicalement libres, au sens oĂč rien au monde ne peut faire plier notre volontĂ© ni manipuler notre pensĂ©e. Impossible de faire que nous voulions ce que nous ne voulons pas. La volontĂ© pensante est une forteresse. Le tyran peut toujours menacer, emprisonner, torturer, exĂ©cuter ; jamais il nâaura le pouvoir de faire que je ne pense pas ce que je pense. Ce que je veux, juge et dĂ©cide ne dĂ©pend que de moi. Ce principe directeur interne est notre â citadelle intĂ©rieure â. Imprenable et invincible. Reste Ă savoir comment elle peut nous prĂ©server du malheur, et si cela suffit Ă ĂȘtre heureux. Au dĂ©but du â Manuel â dâEpictĂšte, la liste des choses qui â ne dĂ©pendent pas de nous â peut surprendre le corps, la richesse, la rĂ©putation, le pouvoir. Il semble Ă©vident que nous ne sommes pas dĂ©pourvus dâaction dans ces domaines. Ne faisons-nous pas ce que nous pouvons pour ĂȘtre en bonne santĂ© ? Pour amĂ©liorer nos revenus, pour Ă©viter la misĂšre ? Du coup, on peut avoir du mal Ă comprendre que tout cela ne dĂ©pende pas de nous. En fait, jamais les stoĂŻciens ne nient lâexistence de ces actions ni ne conseillent de les abandonner. Ce quâils soutiennent est plus subtil. Quels que soient nos efforts pour ĂȘtre prospĂšre, le rĂ©sultat nâest jamais garanti. Par dĂ©finition, nous ne maĂźtrisons pas le hasard malgrĂ© nos soins, peuvent nous tomber dessus maladie, misĂšre, calomnie, disgrĂące. Le bonheur ne peut donc ĂȘtre assurĂ© par aucune circonstance extĂ©rieure â quâelle soit corporelle, financiĂšre ou sociale. Nous ne contrĂŽlons absolument que notre volontĂ© pensante. Câest donc elle seule qui doit pouvoir nous permettre dâĂȘtre heureux, dans toutes les situations, mĂȘme les pires. Ainsi, quoi que le sort lui rĂ©serve, le sage stoĂŻcien va pouvoir demeurer inaccessible au malheur. Il peut ĂȘtre, comme dit EpictĂšte,â malade et heureux, en danger et heureux, mourant et heureux, exilĂ© et heureux, mĂ©prisĂ© et heureux â. Le contresens imaginer le stoĂŻcien masochiste. Croire que la souffrance le rend heureux serait une complĂšte erreur. En fait, la douleur lui est aussi indiffĂ©rente que le plaisir dans ce domaine, rien ne lâatteint, car tout ce qui est hors de notre pouvoir lui paraĂźt indiffĂ©rent. Mais il nâentre aucune volontĂ© de mortification dans cette stratĂ©gie de sĂ©paration radicale entre circonstances et jugements. Les stoĂŻciens parviennent mĂȘme Ă combiner l'â indiffĂ©rent â et le â prĂ©fĂ©rable â. Sauf cas particulier, rechercher la maladie, la misĂšre ou lâhumiliation est insensĂ©. SantĂ©, richesse, pouvoir sont donc prĂ©fĂ©rables. Mais, dâun autre cĂŽtĂ©, ce sont aussi des choses indiffĂ©rentes, car leur perte aux yeux des stoĂŻciens est sans consĂ©quences ces Ă©lĂ©ments extĂ©rieurs ne conditionnent pas leur bonheur. Citadelle intĂ©rieure. ProtĂ©gĂ© des fluctuations du hasard, blindĂ© contre les coups du sort et les revers de fortune, voilĂ donc notre stoĂŻcien⊠stoĂŻque â impassible et indestructible. Mais heureux ? En quel sens ? Pour lâentrevoir, il reste Ă faire un autre chemin. Car le sage ne sâest pas seulement soustrait au malheur, mais de maniĂšre positive il veut le bien, pratique la vertu, aime la totalitĂ© du cosmos et vit selon la nature. Pour lui, ce ne sont pas lĂ des activitĂ©s distinctes, mais une seule et mĂȘme façon de conduire son existence â en lâoccurrence, celle qui rend heureux. AssurĂ©ment, ce bonheur du sage est loin de ce que nous nommons communĂ©ment par ce terme. Dans la conception usuelle, il entre toujours une part de plaisir et une part dâalĂ©atoire â qui rend Ă nos yeux le bonheur toujours fragile, exposĂ©, destructible. Aristote, dans l'â Ethique Ă Nicomaque â, est plus proche de cette vision commune que les stoĂŻciens un homme heureux se reconnaĂźt selon lui Ă une certaine combinaison dâhonnĂȘtetĂ©, dâaisance matĂ©rielle et de reconnaissance sociale. Câest seulement aprĂšs sa mort quâon pourra dire que sa vie a Ă©tĂ© heureuse car, tant quâil vit, un cataclysme peut tout remettre en question, transformer en naufrage cette existence rĂ©ussie. Aux yeux dâAristote, si la vertu est bien une condition nĂ©cessaire du bonheur, elle nâest pas suffisante. Au contraire, aux yeux des stoĂŻciens, la vertu suffit entiĂšrement Ă ĂȘtre heureux. Mais quâest-ce que cela veut dire ? Le coup de gĂ©nie de ZĂ©non de Citium fut de faire fusionner la raison, la nature et le bien. Câest une seule et mĂȘme chose, pour un stoĂŻcien, de vivre selon la raison et la nature. Le sage, en dĂ©sirant le bien, ne veut rien dâextĂ©rieur au monde, rien mĂȘme de diffĂ©rent de ce qui est. Il ne veut pas autre chose que lâordre du monde tel quâil est, dans sa cohĂ©rence profonde et son harmonie intelligente. Car, Ă la base du stoĂŻcisme, se tient la conviction que le cosmos est ordonnĂ©, que tout sây enchaĂźne et quâil appartient Ă chacun dây jouer sa partition. La vertu nâest rien dâautre, et elle Ă©mane de nos instincts, si nous savons les comprendre. Nous nous trompons donc si nous imaginons que la â vertu â consiste Ă suivre un idĂ©al, un modĂšle hors du monde, une valeur transcendante. Ce nâest pas du tout ce que les stoĂŻciens ont en tĂȘte. La vertu, finalement, nâest pour eux rien dâautre que la vie, conduite selon cette vue exacte que la raison nous permet dâavoir de la nature et de nous-mĂȘme. Si la vertu procure le bonheur, ce nâest donc pas comme consĂ©quence dâun moralisme. Le bonheur nâest pas la rĂ©compense du vertueux, un supplĂ©ment rĂ©sultant de sa bonne conduite. Pour les stoĂŻciens, il est rigoureusement identique Ă la vie sage et ne sâen distingue pas. Ce nâest donc pas un bonheur simplement nĂ©gatif. Lâaccent mis sur lâabsence de troubles lâataraxie et lâabsence de passions lâapathie risque de faire oublier quâil ne sâagit pas seulement de se soustraire au malheur. Le stoĂŻcien est heureux parce quâil ne fait quâun avec lâordre du cosmos. Le malheur des hommes ne pas se servir de leur raison, se tromper de bien, poursuivre des chimĂšres en les croyant rĂ©elles. Le bonheur du sage ne vouloir que le bien, comprendre lâordre du monde et la place de chacun, acquiescer au destin. La citadelle intĂ©rieure nâest donc pas seulement un refuge. Câest un lien avec le monde et les autres. Ce nâest pas par hasard que les stoĂŻciens ont insistĂ© sur le cosmopolitisme, lâĂ©galitĂ© des hommes, la dignitĂ© des esclaves et la participation du sage aux affaires de la CitĂ©. Lâentente et la coopĂ©ration appartiennent Ă lâordre de la nature â il convient de les restaurer chaque fois que les Ă©garements de la civilisation viennent les perturber et menacent de les dĂ©truire. LE STOICISME ET LâEPICURISME Similitudes et diffĂ©rences Le but de ces deux philosophies est le bonheur, la sĂ©rĂ©nitĂ©, la tranquillitĂ© de lâĂąme. 4. Nietzsche Amor fati » et Ă©ternel retour Dans le plus petit comme dans le plus grand bonheur, il y a toujours quelque chose qui fait que le bonheur est un bonheur⊠non seulement la lumiĂšre mais aussi lâobscuritĂ© ». F. Nietzsche Ma formule pour la grandeur de lâhomme est amor fati que lâon ne veuille rien avoir diffĂ©remment, ni par le passĂ©, ni par le futur, de toute Ă©ternitĂ©. Il ne faut pas seulement supporter le nĂ©cessaire, encore moins se le cacher â tout idĂ©alisme est mensonge face Ă la nĂ©cessitĂ© â, il faut aussi lâaimerâŠÂ» Nietzsche in Ecce Homo Nietzsche et lâĂ©ternel retour La pensĂ©e de Nietzsche LâidĂ©e de lâĂ©ternel retour est lâidĂ©e que ce monde plein de mal et dâabsurditĂ© reviendra idĂ©e rĂ©concilie devenir et Ă©ternitĂ©, et surtout elle permet de mesurer la force dâun esprit le vĂ©ritable immoraliste, le vĂ©ritable philo sophe sera celui qui est capable de supporter cette pensĂ©e, de vouloir lâĂ©ternel contemplation joyeuse du monde cruel et tragique culmine dans la pensĂ©e de lâĂ©ternel retour. Il sâagit de penser le monde non pas sous lâespĂšce de lâĂ©ternitĂ©, mais sous lâespĂšce du devenir aussi nous pousser Ă vivre chaque instant de notre vie avec lâidĂ©e suivante accepterais-je de le revivre ? A ât-il Ă©tĂ© assez fort pour cela ?Amor fati ⊠Et donc Ă regarder notre prĂ©sent autrement. Admettons que nous soyons destinĂ©s Ă revivre Ă©ternellement ce que nous vivons aujourdâhui que penserions-nous de cette perspective? De notre rĂ©ponse dĂ©pendra notre prĂ©sent. Et si un jour ou une nuit, un dĂ©mon se glissait furtivement dans ta plus solitaire solitude et te disait Cette vie, telle que tu la vis et lâa vĂ©cue, il te faudra la vivre encore une fois et encore dâinnombrables fois; et elle ne comportera rien de nouveau, au contraire, chaque douleur et chaque plaisir et chaque pensĂ©e et soupir et tout ce quâil y a dans ta vie dâindiciblement petit et grand doit pour toi revenir, et tout suivant la mĂȘme succession et le mĂȘme enchaĂźnement â et Ă©galement cette araignĂ©e et ce clair de lune entre les arbres, et Ă©galement cet instant et moi-mĂȘme. Un Ă©ternel sablier de lâexistence est sans cesse renversĂ©, et toi avec lui, poussiĂšre des poussiĂšres! » â Ne te jetterais-tu pas par terre en grinçant des dents et en maudissant le dĂ©mon qui parla ainsi ? Ou bien as-tu vĂ©cu une fois un instant formidable oĂč tu lui rĂ©pondrais Tu es un dieu et jamais je nâentendis rien de plus divin!» Si cette pensĂ©e sâemparait de toi, elle te mĂ©tamorphoserait, toi, tel que tu es, et, peut-ĂȘtre, tâĂ©craserait; la question, posĂ©e Ă propos de tout et de chaque chose, veux-tu ceci encore une fois et encore dâinnombrables fois?» ferait peser sur ton agir le poids le plus lourd! Ou combien te faudrait-il aimer et toi-mĂȘme et la vie pour ne plus aspirer Ă rien dâautre quâĂ donner cette approbation et apposer ce sceau ultime et Ă©ternel ? Friedrich Nietzsche, Le Gai Savoir 1882-1887, § 341 Luc Ferry sur lâĂ©ternel retour Article sur Nietzsche Une interview fictive de lâauteur de Zarathoustra L'interview Entretien presque authentique avec Friedrich NietzscheLe bonheur est comme est une femme. Si vous le poursuivez, il sâenfuit; si vous lâignorez, il accourt. Friedrich Nietzsche Röcken 1844, Weimar 1900 a notamment publiĂ© Humain, trop humain», le Gai Savoir», Ainsi parlait Zarathoustra» et Par-delĂ le bien et le mal». Contre les valeurs de lâidĂ©alisme platonicien et chrĂ©tien, il sâest attachĂ© Ă comprendre les conditions de lâĂ©lĂ©vation de lâhomme. Le Nouvel Observateur . â Fuir la douleur est le mot dâordre de toute la philosophie antique, comme celui de votre ancien maĂźtre Schopenhauer. Partagez-vous cette idĂ©e?Friedrich Nietzsche. â Non. Pourquoi rejeter absolument de notre existence le malheur, les terreurs, les privations, les minuits de lâĂąme? Il y a une nĂ©cessitĂ© personnelle du malheur» et ceux qui veulent nous en prĂ©server ne font pas nĂ©cessairement notre bonheur. Et si le plaisir et le dĂ©plaisir Ă©taient mĂȘme si Ă©troitement liĂ©s que quiconque veut avoir autant que possible de lâun doit aussi avoir autant que possible de lâautre? Car le bonheur et le malheur sont des frĂšres jumeaux qui grandissent ensemble. Demandez-vous si un arbre qui est censĂ© atteindre une noble hauteur peut se dispenser de mauvais temps et de tempĂȘtes. Pour quâil y ait la joie Ă©ternelle de la crĂ©ation, il faut aussi quâil y ait les douleurs de lâenfantement. Toutes les vies sont difficiles; ce qui rend certaines dâentre elles Ă©galement rĂ©ussies, câest la façon dont les souffrances ont Ă©tĂ© O. â Les stoĂŻciens invitaient eux aussi Ă tenir bon» face aux coups durs de lâexistence. F. Nietzsche. â Câest trĂšs diffĂ©rent. Le stoĂŻcisme proposait un genre de vie pĂ©trifiĂ©. Pour ma part, je parle dâintensifier le sentiment dâexistence, en apprenant Ă en connaĂźtre tous les aspects, mĂȘme les plus terrifiants. N. O. â Lâhomme du XXIe siĂšcle semble davantage aspirer Ă la sĂ©curitĂ© et au Nietzsche. â Ah, la religion du bien-ĂȘtre! VoilĂ lâidĂ©ologie du troupeau. Les hommes disent nous avons inventĂ© le bonheur; ils en ont fait une valeur universelle, mais quel est leur bonheur? Une aspiration servile au repos. Lâhomme moderne a renoncĂ© Ă toute grandeur et nâaspire plus quâĂ vivre confortablement, le plus longtemps possible. Il est semblable Ă un puceron hĂ©doniste, il a en aversion le danger et la maladie. Il poursuit un bonheur mesquin et Ă©triquĂ©. La sociĂ©tĂ© de consommation lâasservit aux petits plaisirs. Il voue un culte aux loisirs. Mais si lâon flatte de façon aussi Ă©hontĂ©e la propension naturelle Ă la paresse, câest dans le dessein non avouĂ© dâaffaiblir la volontĂ©, de la rendre incapable dâune application durable. Il sâagit dâanesthĂ©sier la vie plutĂŽt que de la vivre. Aussi ne faut-il pas sâĂ©tonner si la plupart des hommes dâaujourdâhui se liquĂ©fient face Ă la plus infime O. â Quel est votre dĂ©finition du bonheur?F. Nietzsche. â Le sentiment que la puissance grandit, quâune rĂ©sistance est surmontĂ©e. Lâhomme qui est incapable de sâasseoir au seuil de lâinstant en oubliant tous les Ă©vĂ©nements passĂ©s et Ă venir, celui qui ne peut pas, sans vertige et sans peur, se dresser un instant tout debout, comme une victoire, ne saura jamais ce quâest un bonheur et, ce qui est pire, il ne fera jamais rien pour donner du bonheur aux O. â Quels conseils prodigueriez-vous aux hommes en quĂȘte de fĂ©licitĂ©?F. Nietzsche. â A lâindividu qui recherche son bonheur, il ne faut donner aucun prĂ©cepte sur le chemin Ă suivre, car le bonheur individuel jaillit selon ses lois propres, inconnues de tous, il ne peut quâĂȘtre entravĂ© par des prĂ©ceptes venus du dehors. Le vrai secret du bonheur, câest quâon ne peut lâatteindre quâen cessant de le chercher. Il est comme est une femme. Si vous le poursuivez, il sâenfuit; si vous lâignorez, il accourt sourire. Au fond, lâimportant, ce nâest pas le bonheur, qui nâest quâune idĂ©e, mais la vie rĂ©elle que nous avons Ă expĂ©rimenter. Amor fati, aime ton destin. Câest ma formule du bonheur. Le philosophe ne doit pas cacher la nature tragique du monde, il doit lâenseigner au contraire, et la seule maniĂšre de nous libĂ©rer, câest dâaimer ce qui nous advient. Il faut briser les anciennes tables de la Loi, nous dĂ©gager des valeurs chrĂ©tiennes mortifĂšres, penser par-delĂ le bien et le mal. Nous devons ĂȘtre les poĂštes de notre existence, inventer notre vie, la vivre! La vraie sagesse, ce nâest pas de rechercher le bonheur, câest dâaimer la vie, heureuse ou malheureuseN. O. â Vous-mĂȘme avez beaucoup souffert, physiquement et affectivement â votre histoire dâamour douloureuse avec Lou Andreas-SalomĂ© est lĂ©gendaire. Nâavez-vous jamais dĂ©sespĂ©rĂ© de la vie?F. Jamais! MĂȘme dans les moments oĂč jâai Ă©tĂ© gravement malade, je ne suis pas devenu morbide. La vie ne mâa pas déçu! AnnĂ©e aprĂšs annĂ©e, je la trouvais au contraire plus vraie, plus dĂ©sirable et plus mystĂ©rieuse. Pour moi, elle est un monde de danger et de victoire dans lequel les sentiments hĂ©roĂŻques aussi ont leurs lieux oĂč danser et sâĂ©battre. Avec ce principe au coeur, on peut non seulement vivre courageusement, mais mĂȘme gaiement vivre et gaiement rire! Et qui donc sâentendrait Ă bien rire et Ă bien vivre sâil ne sâentendait dâabord Ă guerroyer et Ă vaincre?Propos presque recueillis par Marie Lemonnier Source le Nouvel Observateur» du 24 dĂ©cembre 2008. IV. Le bonheur par la construction de soi Henri BERGSON 1859-1941 NĂ© Ă Paris, dans une famille juive. AprĂšs des Ă©tudes brillantes, agrĂ©gĂ© de philosophie, Bergson devient professeur. En 1869, il publie Essai sur les donnĂ©es immĂ©diates de la conscience, puis entre au CollĂšge de France aprĂšs la parution de son ouvrage MatiĂšre et MĂ©moire 1896 Câest la consĂ©cration. Il devient le plus cĂ©lĂšbre philosophe français. Reçu Ă lâAcadĂ©mie Française, il obtient ensuite le prix Nobel de littĂ©rature en 1928. Il Ă©crit son dernier livre, Les Deux Sources de la Morale et de la Religion 1932 . En 1937 il avait Ă©crit âMes rĂ©flexions mâont amenĂ© de plus en plus prĂšs du catholicisme oĂč je vois lâachĂšvement le plus complet du judaĂŻsme. Je me serai converti, si je nâavais vu se prĂ©parer depuis des annĂ©es la formidable vague dâantisĂ©mitisme qui va dĂ©ferler sur le monde. Jâai voulu rester parmi ceux qui seront demain des persĂ©cutĂ©s». Texte La crĂ©ation de soi par soi Lâeffort est pĂ©nible, mais il est aussi prĂ©cieux, plus prĂ©cieux encore que lâĆuvre oĂč il aboutit, parce que, grĂące Ă lui, on a tirĂ© de soi plus quâil nây avait, on sâest haussĂ© au-dessus de soi-mĂȘme. ⊠Les philosophes qui ont spĂ©culĂ© sur la signification de la vie et sur la destinĂ©e de lâhomme nâont pas assez remarquĂ© que la nature a pris la peine de nous renseigner lĂ -dessus elle-mĂȘme. Elle nous avertit par un signe prĂ©cis que notre destination est atteinte. Ce signe est la joie. Je dis la joie, je ne dis pas le plaisir. Le plaisir nâest quâun artifice imaginĂ© par la nature pour obtenir de lâĂȘtre vivant la conservation de la vie ; il nâindique pas la direction oĂč la vie est lancĂ©e. Mais la joie annonce toujours que la vie a rĂ©ussi, quâelle a gagnĂ© du terrain, quâelle a remportĂ© une victoire toute grande joie a un accent triomphal. Or, si nous tenons compte de cette indication et si nous suivons cette nouvelle ligne de faits, nous trouvons que partout oĂč il y a joie, il y a crĂ©ation plus riche est la crĂ©ation, plus profonde est la joie. La mĂšre qui regarde son enfant est joyeuse, parce quâelle a conscience de lâavoir créé, physiquement et moralement. Le commerçant qui dĂ©veloppe ses affaires, le chef dâusine qui voit prospĂ©rer son industrie, est-il joyeux en âraison de lâargent quâil gagne et de la notoriĂ©tĂ© quâil acquiert ? Richesse et considĂ©ration entrent Ă©videmment pour beaucoup dans la satisfaction quâil ressent, mais elles lui apportent des plaisirs plutĂŽt que de la joie, et ce quâil goĂ»te de joie vraie est le sentiment dâavoir montĂ© une entreprise qui marche, dâavoir appelĂ© quelque chose Ă la vie. Prenez des joies exceptionnelles, celle de lâartiste qui a rĂ©alisĂ© sa pensĂ©e, celle du savant qui a dĂ©couvert ou inventĂ©. Vous entendrez dire que ces hommes travaillent pour la gloire et quâils tirent leurs joies les plus vives de lâadmiration quâils inspirent. Erreur profonde ! On tient Ă lâĂ©loge et aux honneurs dans lâexacte mesure oĂč lâon nâest pas sĂ»r dâavoir rĂ©ussi.[âŠ] Si donc, dans tous les domaines, le triomphe de la vie est la crĂ©ation, ne devons-nous pas supposer que la vie humaine a sa raison dâĂȘtre dans une crĂ©ation qui peut, Ă la diffĂ©rence de celle de lâartiste et du savant, se poursuivre Ă tout moment chez tous les hommes la crĂ©ation de soi par soi, lâagrandissement de la personnalitĂ© par un effort qui tire beaucoup de peu, quelque chose de rien, et ajoute sans cesse Ă ce quâil y avait de richesse dans le monde ? »Bergson, LâĂnergie spirituelle, La conscience et la vie » 5. Bonheur et Etat font-ils bon mĂ©nage ? TOCQUEVILLEAlexis-Henri-Charles ClĂ©rel, vicomte de Tocqueville, 1805-1859 Penseur politique, homme politique, historien et Ă©crivain français. Il est cĂ©lĂšbre pour ses analyses de la RĂ©volution française, de la dĂ©mocratie amĂ©ricaine et de lâĂ©volution des dĂ©mocraties occidentales en gĂ©nĂ©ral. Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde je vois une foule innombrable dâhommes semblables et Ă©gaux qui tournent sans repos sur eux-mĂȘmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur Ăąme. Chacun dâeux, retirĂ© Ă lâĂ©cart, est comme Ă©tranger Ă la destinĂ©e de tous les autres ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute lâespĂšce humaine; quant au demeurant de ses concitoyens, il est Ă cĂŽtĂ© dâeux, mais il ne les voit pas; il les touche et ne les sent point; il nâexiste quâen lui-mĂȘme et pour lui seul, et sâil lui reste encore une famille, on peut dire du moins quâil nâa plus de de ceux-lĂ sâĂ©lĂšve un pouvoir immense et tutĂ©laire, qui se charge seul dâassurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, dĂ©taillĂ©, rĂ©gulier, prĂ©voyant et doux. Il ressemblerait Ă la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de prĂ©parer les hommes Ă lâĂąge viril; mais il ne cherche, au contraire, quâĂ les fixer irrĂ©vocablement dans lâenfance; il aime que les citoyens se rĂ©jouissent, pourvu quâils ne songent quâĂ se rĂ©jouir. Il travaille volontiers Ă leur bonheur; mais il veut en ĂȘtre lâunique agent et le seul arbitre; il pourvoit Ă leur sĂ©curitĂ©, prĂ©voit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, rĂšgle leurs successions, divise leurs hĂ©ritages; que ne peut-il leur ĂŽter entiĂšrement le trouble de penser et la peine de vivre? ⊠AprĂšs avoir pris ainsi tour Ă tour dans ses puissantes mains chaque individu, et lâavoir pĂ©tri Ă sa guise, le souverain Ă©tend ses bras sur la sociĂ©tĂ© tout entiĂšre; il en couvre la surface dâun rĂ©seau de petites rĂšgles compliquĂ©es, minutieuses et uniformes, Ă travers lesquelles les esprits les plus originaux et les Ăąmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dĂ©passer la foule; il ne brise pas les volontĂ©s, mais il les amollit, les plie et les dirige; il force rarement dâagir, mais il sâoppose sans cesse Ă ce quâon agisse; il ne dĂ©truit point, il empĂȘche de naĂźtre; il ne tyrannise point, il gĂȘne, il comprime, il Ă©nerve, il Ă©teint, il hĂ©bĂšte, et il rĂ©duit enfin chaque nation a nâĂȘtre plus quâun troupeau dâanimaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le toujours cru que cette sorte de servitude, rĂ©glĂ©e, douce et paisible, dont je viens de faire le tableau, pourrait se combiner mieux quâon ne lâimagine avec quelques unes des formes extĂ©rieures de la libertĂ©, et quâil ne lui serait pas impossible de sâĂ©tablir a lâombre mĂȘme de la souverainetĂ© du peuple. Tocqueville, vol II. 1840 La sociĂ©tĂ© actuelle est-elle propice au bonheur ? JusquâoĂč la poitique peut-elle aller pour assurer le bien ĂȘtre des citoyens ? Conseils de philosophes pour accĂ©der au bonheur... Robert Misrahi et la jouissance de vivre⊠Robert Misrahi, le bonheur est une action Vivre la psychologie du bonheur, Mihaly Csikszentmihalyi ThĂ©orie selon laquelle les individus sont les plus heureux lorsquâils sont dans un Ă©tat de flow, un Ă©tat de concentration ou dâabsorption complĂšte dans une les annĂ©es 70, Csikszentmihalyi 1975 a voulu identifier les conditions qui pouvaient caractĂ©riser les moments que les gens dĂ©crivaient parmi les meilleurs de leur vie. Il a interrogĂ© des alpinistes, des joueurs dâĂ©chec, des compositeurs de musique et dâautres personnes qui consacraient beaucoup de temps et dâĂ©nergie Ă des activitĂ©s pour le simple plaisir de les faire sans recherche de gratifications conventionnelles comme lâargent ou la reconnaissance rĂ©sultats de ces recherches lui ont permis de dĂ©finir le concept de lâexpĂ©rience optimale quâil appelle flow » Csikszentmihalyi, 1990 qui rĂ©fĂšre Ă lâĂ©tat subjectif de se sentir bien Csikszentmihalyi & Patton, 1997.Pour Csikszentmihalyi, le bonheur se dĂ©finit par lâexpĂ©rience optimale».Mihaly Csikszentmihalyi donne les conditions de lâexpĂ©rience optimale». Lâengagement dans une tĂąche prĂ©cise un dĂ©fi qui fournit une rĂ©troaction immĂ©diate, qui exige des aptitudes appropriĂ©es, un contrĂŽle sur ses actions et une concentration intense ne laissant aucune place aux distractions ni aux prĂ©occupations Ă propos de soi et qui sâaccompagne gĂ©nĂ©ralement dâune perception altĂ©rĂ©e du temps constitue une expĂ©rience optimale une expĂ©rience flot» ou flow. Il ajoute Comme consĂ©quence meilleure performance, crĂ©ativitĂ©, dĂ©veloppement des capacitĂ©s, estime de soi et rĂ©duction du stress. Bref, elle contribue Ă la croissance personnelle, apporte un grand enchantement et amĂ©liore la qualitĂ© de la vie.» Csikszentmihalyi, psychologue amĂ©ricain Mihaly Csikszentmihalyi a observĂ© des artistes peintres pour tenter de comprendre leur âmotivation intrinsĂšqueâ. Ils ne cherchaient pas de gratification extĂ©rieure, le plaisir de peindre leur suffisait, les comblait. Il sâest donc tournĂ© vers dâautres passionnĂ©s â joueurs dâĂ©checs, grimpeurs de haute montagne et chirurgiens â et tous lui ont avouĂ© que lâactivitĂ© en elle-mĂȘme constituait leur vĂ©ritable plaisir. Tous se disent âtransportĂ©sâ, âportĂ©s par un fluxâ lors de ces activitĂ©s. ⊠Des enquĂȘtes ont rĂ©vĂ©lĂ© que ce genre d'âexpĂ©rience optimaleâ se produit plus souvent au travail que lors des loisirs. Le flow » selon Mihaly Csikszentmihalyi QUIZZ SUR LE BONHEUR Il apparait que ce quiz nâest pas paramĂ©trĂ© correctement BAC Philo Voici une sĂ©rie de sujets sur le bonheur Sujets sur le bonheur 1. âLa chasse au bonheurâ cette expression vous paraĂźt-elle judicieuse ? 2. âTout homme qui ne voudrait que vivre, vivrait heureuxâ. Que signifie et que vaut cette affirmation ? 3. Est-ce un devoir de rechercher le bonheur ? 4. Est-il vrai quâil nây a pas de bonheur intelligent ? 6. Faut-il choisir entre ĂȘtre heureux et ĂȘtre libre ? 7. Faut-il rechercher le bonheur ? 8. Faut-il sâabstenir de penser pour ĂȘtre heureux ? 9. Faut-il vouloir ĂȘtre heureux ? 10. La beautĂ© est-elle une promesse de bonheur ? 12. La recherche du bonheur est-elle nĂ©cessairement immorale ? 13. La recherche du bonheur est-elle une affaire privĂ©e ? 14. La recherche du bonheur peut-elle ĂȘtre un esclavage ? 17. Le bonheur est-il affaire de politique ? 18. Le bonheur est-il inaccessible Ă lâhomme ? 19. Le bonheur est-il le bien suprĂȘme ? 20. Le bonheur est-il le but de la politique ? 21. Le bonheur est-il un droit ? 22. Le bonheur nâest-il quâillusion ? 25. Pensez-vous que âcâest lâillusion et non le savoir qui rend heureuxâ ? 26. Peut-on en mĂȘme temps prĂ©tendre Ă une vie morale et rechercher le bonheur ? 27. Peut-on ĂȘtre heureux dans la solitude ? 28. Peut-on ĂȘtre heureux sans ĂȘtre libre ? 29. Peut-on parler de bonheur dâune communautĂ© ? 30. Quâest-ce quâune vie heureuse ? 31. Un homme libre est-il nĂ©cessairement heureux ? 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En France, prĂšs de 5 000 jeunes seraient engagĂ©s dans le mouvement GĂ©nĂ©ration Z qui soutient le candidat Eric Zemmour dans la course Ă la prĂ©sidentielle 2022. Nous avons rencontrĂ© deux de ses militants de CĂŽte-d'Or. Ils nous expliquent les raisons de leur action auprĂšs de l'ancien polĂ©miste. Ils revendiquent 200 adhĂ©rents en CĂŽte-d'Or. Créée le 2 mai 2021, la section locale de GĂ©nĂ©ration Z, qui accueille des Ă©tudiants et jeunes actifs ĂągĂ©s de 18 Ă 30 ans, tracte et colle les affiches du candidat du parti ReconquĂȘte une fois par semaine, dans l'ensemble du dĂ©partement. Des militants aussi bien sĂ©duits par les idĂ©es prĂŽnĂ©es par Ăric Zemmour que par la personnalitĂ© de l'ancien polĂ©miste. Ă 25 ans, Antoine Camus fait partie de ces jeunes engagĂ©s auprĂšs de celui qui pointe actuellement entre 13 et 15 % dans les sondages. Il dirige mĂȘme l'antenne de GĂ©nĂ©ration Z en CĂŽte-d'Or. "On a montĂ© l'Ă©quipe en mai dernier avec l'objectif de donner envie Ă Ăric Zemmour de se prĂ©senter. On a des jeunes qui sont Ă©tudiants dans tous les milieux et on a aussi des jeunes actifs, des cadres, des artisans. C'est trĂšs hĂ©tĂ©roclite", dĂ©crit ce banquier installĂ© Ă Dijon. Selon Antoine Camus, la section s'appuie Ă©galement sur des jeunes originaires de diffĂ©rents partis politiques, de gauche comme de droite "On a quelqu'un qui Ă©tait au parti communiste il y a encore 2 ans !". Lui-mĂȘme est un ancien membre des RĂ©publicains. "J'ai Ă©tĂ© sur la ligne sarkozyste, j'Ă©tais militant, raconte-t-il avant de poursuivre. Mais un mouvement qui change d'avis toutes les deux semaines sur son orientation est un mouvement qui n'a pas de fond. PĂ©cresse nous a quittĂ© en disant qu'on Ă©tait trop Ă droite pour elle et revient car c'est mieux d'avoir l'argent du parti pour faire la prĂ©sidentielle". Déçu par la droite rĂ©publicaine, le jeune homme de 25 ans a alors fait le choix de soutenir Ăric Zemmour, qu'il trouve proche de la ligne politique portĂ©e par Nicolas Sarkozy. Et pour lui, il n'Ă©tait pas question de rejoindre le Rassemblement National. "Le RN n'a pas de fond idĂ©ologique, Marine Le Pen est en incapacitĂ© de gĂ©rer le pays. Il n'y a qu'Ă voir son dĂ©bat face Ă Macron. Le RN est dĂ©connectĂ© de la rĂ©alitĂ©. Ăric Zemmour, c'est le candidat du fond". Je partage ses idĂ©es. Il y a un problĂšme liĂ© Ă l'immigration et Ă l'assimilation. C'est lui qui traite principalement de cela. DĂ©borah Dumoutier, membre de GĂ©nĂ©ration Z en CĂŽte-d'Or MĂȘme son de cloche pour DĂ©borah Dumoutier. Cette jeune Ă©galement engagĂ©e dans la section locale de GĂ©nĂ©ration Z juge l'ancien chroniqueur du Figaro plus "sincĂšre" que Marine Le Pen. "C'est une politicarde comme les autres. Elle se prĂ©sente tous les 5 ans. Ăric Zemmour lui s'engage par devoir alors qu'il n'avait pas besoin de ça pour vivre", estime la Dijonnaise de bientĂŽt 23 ans qui a dĂ©couvert l'homme et ses convictions dans l'Ă©mission Face Ă l'info sur CNews. "Quand il y a eu la rumeur d'une candidature Ă la prĂ©sidentielle, je me suis engagĂ©e". Antoine Camus a dĂ©couvert le polĂ©miste plus prĂ©cocement, dans On N'est Pas CouchĂ© ONPC sur France 2. Ăric Zemmour y a Ă©tĂ© chroniqueur de 2006 Ă 2012. "On nous appelle la GĂ©nĂ©ration Z car on a tous Ă©tĂ© bercĂ©s par ONPC. C'Ă©tait la personne qui maniait les mots, toujours dans des dĂ©bats posĂ©s, sans jamais de violence". L'Ă©ditorialiste a tout de mĂȘme Ă©tĂ© condamnĂ© deux fois pour incitation Ă la haine raciale, en 2011 et 2021 en raison de propos qu'il a tenus dans les mĂ©dias. Mais selon Antoine Camus, l'art oratoire est l'une des plus grandes forces du candidat Zemmour dans la campagne prĂ©sidentielle. "Il a une Ă©norme culture, il peut dĂ©battre 3 heures sans une seule note. Les autres ont un problĂšme de connaissances du fond tout simplement. J'admire sa culture. Les deux candidats les plus Ă -mĂȘme de dĂ©battre avec un niveau de culture supĂ©rieur aux autres, c'est lui et Jean-Luc MĂ©lenchon. C'est ça qui mobilise les jeunes. On veut quelqu'un qui ait la stature d'un prĂ©sident et non pas celle d'un chef d'entreprise". SĂ©duit par la personnalitĂ© d'un homme "hors du systĂšme politique et qui a eu une vie avant, un travail", Antoine Camus est Ă©galement attirĂ© par les thĂšses dĂ©fendues par le polĂ©miste. "L'idĂ©e de la mĂ©ritocratie parle aux jeunes et me parle. Les jeunes veulent que le travail soit rĂ©compensĂ©". Et selon cet ancien Ă©tudiant en droit, les jeunes engagĂ©s auprĂšs du candidat ne sont pas choquĂ©s par ses thĂšses sur le grand remplacement et l'identitĂ© française mise en pĂ©ril par les vagues migratoires. "On aime notre pays, ses traditions. On dĂ©fend le principe de l'assimilation, on doit s'accoutumer au pays d'accueil. Il y a des quartiers en France oĂč on ne vit plus Ă la française, c'est indiscutable. On veut se battre pour qu'il n'y ait plus de zones de non-droit en France", lance-t-il prenant en exemple les affrontements entre des TchĂ©tchĂšnes et des jeunes du quartier des GrĂ©silles Ă Dijon en juin 2020. DĂ©borah Dumoutier, elle, Ă©voque son parcours personnel et les mots ou gestes dĂ©placĂ©s auxquels elle a Ă©tĂ© confrontĂ©e dans la rue Ă Dijon. "Il y a pire comme ville, mais les fois oĂč j'ai eu des problĂšmes, c'Ă©tait avec des gens a priori d'origine Ă©trangĂšre. Je ne me suis jamais fait embĂȘter par des blancs de souche, il faut ĂȘtre honnĂȘte !". Les Français votent depuis 20 ans pour un programme de droite jamais appliquĂ©. On va le mettre en place. Qu'on le veuille ou non, la France est un pays de droite ! Antoine Camus, responsable GĂ©nĂ©ration Z en CĂŽte-d'Or Pour les deux membres de GĂ©nĂ©ration Z, il n'y a alors aucun paradoxe Ă ĂȘtre jeune et soutenir les idĂ©es d'un candidat ultra radical qui se veut l'hĂ©ritier de Charles de Gaulle et NapolĂ©on. "Ce n'est pas un problĂšme ! Ăric Zemmour n'est pas du tout rĂ©trograde ! RĂ©trograde, ça veut dire que l'on regrette le passĂ©. Nous, on est bien dans la sociĂ©tĂ© actuelle. On veut retrouver l'identitĂ© perdue, garder les acquis mais aussi conserver ce qu'on nous a transmis", souffle Antoine Camus. Pour rappel, Ăric Zemmour, opposĂ© Ă ce qu'il appelle le "lobby LGBT et fĂ©ministe", a tout de mĂȘme Ă©mis le souhait de bloquer la PMA sans pĂšre et s'est dit opposĂ© au mariage pour tous, mĂȘme s'il ne prĂ©voit pas d'abroger la loi qui l'a instituĂ©. "On ne reviendra pas en arriĂšre avec Ăric Zemmour !", assure le banquier de 25 ans. Quant Ă la question des accusation sexuelles dont il est l'objet, des propos misogynes et des Ă©crits polĂ©miques de l'Ă©ditorialiste, estimant par exemple dans "La France n'a pas dit son dernier mot" paru en 2021 que "les femmes sont le but et le butin de tout homme douĂ© qui aspire Ă grimper dans la sociĂ©tĂ©", DĂ©borah Dumoutier assure que plusieurs femmes font partie de GĂ©nĂ©ration Z et rĂ©pond "Il ne faut pas s'arrĂȘter-lĂ et aller Ă la facilitĂ©. Il faut se faire son propre avis. Je suis allĂ©e lire les choses dans leur ensemble. Pour moi, il n'est pas misogyne. Quand il dit ça, il parle de l'histoire, de la maniĂšre dont les femmes ont Ă©tĂ© perçues par les hommes. Je ne le vois pas comme sa pensĂ©e Ă lui". L'Ă©lectorat fĂ©minin reste toutefois le talon d'Achille du candidat Zemmour. Seules 8 % des femmes de moins de 35 ans se disent prĂȘtes Ă voter pour lui selon une enquĂȘte d'Ipsos. Selon un autre sondage, celui de l'Ifop publiĂ© le 12 dĂ©cembre dernier, 12 % des 18 - 30 ans en France voteraient pour Ăric Zemmour au premier tour de l'Ă©lection prĂ©sidentielle. Sur cette tranche d'Ăąge, le candidat arrive troisiĂšme derriĂšre Marine Le Pen 20 % et Emmanuel Macron 25 %. Pour attirer de nouveaux Ă©lecteurs Ă l'approche de l'Ă©lection prĂ©sidentielle, les membres de GĂ©nĂ©ration Z comptent alors multiplier leurs actions et organiser notamment des rĂ©unions publiques en CĂŽte-d'Or Ă partir de la fin du mois de janvier. Ils attendent rĂ©unir 400 personnes en moyenne.
pour vivre hors la loi il faut ĂȘtre honnĂȘte